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Japon

"C'est un miracle": l'évacuation "exemplaire" de l'avion de la Japan Airlines saluée après la collision à Tokyo

Les 379 passagers et membres d'équipage de l'avion de ligne qui est entré en collision avec un petit appareil sur la piste de l'aéroport de Tokyo-Haneda le 2 janvier sont sortis vivants de l'accident. L'évacuation conduite par le personnel de bord est saluée par les spécialistes.

Une évacuation très rapide qui a permis de sauver la totalité des passagers de l'appareil. Après la collision entre un avion commercial de la compagnie Japan Airlines transportant 379 personnes et un avion des garde-côtes japonais sur une piste de l'aéroport de Tokyo-Haneda, cinq personnes sont décédées. Il s'agit uniquement des passagers du petit avion, dont seul le pilote est rescapé.

Au moment du choc, l'avion de ligne a pris feu avant de poursuivre sa route des dizaines de mètres plus loin le long de la piste d'atterrissage. Gardant son sang-froid, le personnel d'équipage a organisé l'évacuation de cet Airbus A350 alors que les flammes le consumaient peu à peu. 17 personnes ont été légèrement blessées et leur vie n'est pas en danger.

"Je peux seulement dire que c'est un miracle"

"Je me demandais ce qui s'était passé, puis j'ai senti que l'avion s'inclinait sur le côté au niveau de la piste et j'ai ressenti une grosse secousse", raconte à l'agence de presse Reuters Satoshi Yamake, 59 ans, employé d'une société de télécommunications qui se trouvait à bord de l'avion. Les membres de l'équipage nous ont dit de rester calmes et nous ont demandé de descendre de l'avion", détaille-t-il.

Des officiels regardent l'épave brûlée d'un avion de Japan Airlines sur le tarmac de l'aéroport international de Tokyo à Haneda à Tokyo le 3 janvier 2024, le matin après que l'avion ait percuté un plus petit avion des garde-côtes, faisant cinq morts.
Des officiels regardent l'épave brûlée d'un avion de Japan Airlines sur le tarmac de l'aéroport international de Tokyo à Haneda à Tokyo le 3 janvier 2024, le matin après que l'avion ait percuté un plus petit avion des garde-côtes, faisant cinq morts. © RICHARD A. BROOKS / AFP

"J'ai entendu une explosion environ 10 minutes après qu'on soit descendu de l'avion. (...) Je peux seulement dire que c'est un miracle, nous aurions pu mourir si nous avions pris plus de temps", partage quant à lui Tsubasa Sawada, un passager de 28 ans, à Reuters.

"J'ai vraiment cru que j'allais mourir", confie-t-il encore.

Un Français en visite au Japon, Guy Maestre, se trouvait dans un autre avion qui se préparait à décoller lorsqu'il a entendu "un gros bang". "Nous avons regardé par la fenêtre et nous avons vu une énorme traînée de flammes qui descendait le long de la piste", explique-t-il à la télévision américaine CNN. "Les flammes montaient de plus en plus haut, puis nous avons vu des camions de pompiers passer sur la piste",

Une culture de la sécurité au sein de la Japan Airlines

À l'intérieur de l'appareil, les membres de l'équipage ont fait usage de mégaphones pour donner les ordres d'évacuation aux passagers, le système audio interne de l'avion ne fonctionnant pas, alors que certains passagers voyaient des flammes et des volutes de fumée s'échapper de l'appareil. "Nous sentions une odeur de fumée, mais les passagers ne paniquaient pas beaucoup", rapporte Satoshi Yamake.

Selon des témoignages recueillis par Reuters et CNN à l'intérieur de l'avion, les membres de l'équipage ont ordonné aux passagers de rester calmes et ont pu ont pu déployer les toboggans d'évacuation quelques secondes après que l'avion se soit immobilisé.

"Il est trop tôt pour commenter les détails de l'incident, mais il est clair que l'équipage s'est comporté de manière exemplaire", explique à CNN Steven Erhlich, président de PilotsTogether, une organisation caritative créée au moment de la pandémie de Covid-19 pour soutenir les équipages.

Selon lui, le fait qu'aucun des passager n'ait pris avec lui ses bagages explique probablement que l'évacuation ait pu être conduite de manière aussi expéditive. "Tout retard dans l'évacuation aurait pu être catastrophique, tout ça pour un ordinateur portable ou un bagage à main. Cet incident aurait pu être bien pire si les passagers n'avaient pas tenu compte des avertissements les invitant à laisser leurs effets personnels derrière eux", a-t-il déclaré.

"Pas une surprise" concernant cette compagnie

"D'après les images, j'ai été surpris et soulagé que tout le monde s'en sorte", a quant à lui partagé Graham Braithwaite, professeur de sécurité et d'investigations sur les accidents à l'université britannique de Cranfield, "mais connaissant les efforts que cette compagnie aérienne déploie en matière de sécurité et de formation des équipages, le fait qu'elle ait fait un si bon travail ne devrait pas être une surprise".

"Les compagnies aériennes doivent être capables d'évacuer tous les passagers et membres d'équipage d'un avion en 90 secondes", souligne auprès de l'AFP Doug Drury, un expert en aviation de l'Université de Central Queensland en Australie.

Cette règle fixée par l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), et qui correspond à la durée pendant laquelle les passagers peuvnt respirer lorsque la cabine est enfumée, oblige les fabricants d'avion à concevoir leurs appareils de façon à pouvoir tenir ce délai d'évacuation, et le personnel de bord s'entraîne régulièrement dans ce but, a ajouté cet expert.

Selon lui, la culture de la sécurité qui existe dans la compagnie Japan Airlines provient d'un événement tragique qui l'a marqué "profondément": le crash d'un vol Tokyo-Osaka 15 août 1985 qui a tué 520 des 524 personnes à bord.

Les autorités japonaises continue leurs investigations pour tenter de savoir s'il y a pu y avoir de la négligence du côté du contrôle aérien entraînant la présence du petit avion sur la piste alors que l'avion de ligne atterissait.

Gillet Glenn