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Inde: le retour du nationalisme identitaire hindou

Narendra Modi est le nouveau Premier ministre de l'Inde, et son élection pourrait changer les relations de voisinage du pays.

Narendra Modi est le nouveau Premier ministre de l'Inde, et son élection pourrait changer les relations de voisinage du pays. - -

Le nouveau Premier ministre indien, Narendra Modi, est le nouvel homme fort de l'Inde. A la tête du parti nationaliste hindou, il divise en raison de son passé controversé.

Le nouveau Premier ministre présumé, Narendra Modi, est issu des entrailles les plus profondes du mouvement politique hindouiste. Ce mouvement possède une phalange - pas tout à fait une milice mais bien plus qu'une association sportive - le RSS, "organisation volontaire nationale" (Rashtriya Swayamsevak Sangh). En uniforme militaire, il est visible dans les rues, et fait de grands rassemblements.

Le parti de Modi, le Bharatiya Janata Party ou parti populaire indien, est essentiellement une émanation électorale de ce RSS. À cela, il faut ajouter des influences de groupes plus philosophiquement hindouistes. En politique, ces parentés convergent sur une idée: la "hindutva", c'est-à-dire la "hindouité": le conservatisme social, le rejet de l'influence occidentale, le nationalisme économique par l'autosuffisance, l'affirmation aux frontières, et surtout et avant tout l'hostilité envers l'islam.

L'Inde observée de près par ses voisins

Cette islamophobie est presque le socle de la "hindutva". Voilà pourquoi Narendra Modi, au pouvoir comme ministre en chef de l'État du Gujarat depuis 1998, est suspect: sous sa mandature, en 2002, un pogrom anti-musulman a eu lieu principalement dans la mégapole d'Ahmedabad. Un millier de morts, surtout musulmans, face à l'indifférence réelle ou supposée de la police gujarataise, celle que contrôlait Modi. Évidemment, il y eut avant cela des violences mortelles anti-hindoues de la part de fanatiques musulmans. Ainsi va l'Inde. Pour se situer la chose, pensons au film Slumdog millionnaire de 2008: le petit génie est le fils d'une veuve de Bombay assassinée par des fanatiques de type RSS, la scène est explicite.

Avec un tel chef de gouvernement, l'Inde va se faire remarquer dans son voisinage. Sans doute est-ce par sage précaution que Modi vient déjà d'être invité par Nawaz Sharif, Premier ministre du Pakistan! Tout est là, pour la paix régionale. La relation New Delhi-Islamabad déterminera le niveau de tension dans cette Asie du Sud. Modi sera-t-il adepte de Kali, déesse de la destruction, ou de Vishnu, le dieu protecteur? C'est sans doute en fonction de ses capacités économiques qu'il s'orientera, car c'est surtout pour cela que l'électorat a rejeté le parti du Congrès, certes laïc mais corrompu et usé.

Harold Hyman et journaliste et spécialiste de géopolitique