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Inde: Narendra Modi, un nationaliste hindou à la main de fer

Narendra Modi, 63 ans, veut ouvrir une "nouvelle ère" pour l'Inde, alors que son parti nationaliste hindoue a remporté les élections au détriment du Parti du Congrès.

Narendra Modi, 63 ans, veut ouvrir une "nouvelle ère" pour l'Inde, alors que son parti nationaliste hindoue a remporté les élections au détriment du Parti du Congrès. - -

PORTRAIT - Modi, 63 ans, fils d'un vendeur de thé, végétarien strict, adepte du yoga et représentant de l'aile dure du nationalisme hindou, a monopolisé l'attention pendant toute la campagne électorale que son parti a remportée. Dynamique, mais clivant, autoritaire et intransigeant, il divise profondément l'opinion indienne, y compris dans son propre camp.

Le parti nationaliste Hindou Bharatiya Janata Party (BJP) a remporté une éclatante victoire électorale vendredi, propulsant son controversé leader, Narenda Modi, comme futur Premier ministre de l'Inde. Meneur d'hommes loué pour le dynamisme économique de l'Etat qu'il gouverne, ce fils d'un vendeur de thé âgé de 63 ans divise profondément son pays en raison d'un passé controversé et de sa personnalité. Incarnant l'aile dure de son parti, il suscite la méfiance, y compris parmi les siens.

Un nationaliste hindou pur jus qui avance masqué

Adepte du yoga et végétarien strict, Modi a été imprégné de l'idéologie nationaliste hindoue lors de sa jeunesse passée au sein du Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), une organisation aux méthodes paramilitaires. Le RSS, qui défend une conception intransigeante de la culture hindoue, a été interdit plusieurs fois depuis l'indépendance et ses cadres font souvent preuve d'hostilité envers les musulmans, la plus grande minorité religieuse de l'Inde.

Modi, qui a fait campagne sur sa capacité à relancer l'économie indienne et a soigneusement évité toute déclaration radicale sur le nationalisme hindou, doit affronter les critiques sur son attitude pendant les émeutes intercommunautaires de 2002 qui ont ensanglanté son Etat du Gujarat.

Boycotté pendant une décennie par l'Occident

Chef de l'exécutif de cet Etat qu'il dirige depuis 2001, il lui a été reproché l'inaction de son administration alors que plus de mille personnes avaient été tuées, essentiellement des musulmans. Son refus de présenter des excuses et sa décision d'intégrer dans le gouvernement de cet Etat une femme qui fut ensuite condamnée pour ces émeutes ont accentué la rancœur parmi ses adversaires.

Tant les Etats-Unis que l'Europe l'ont boycotté pendant une décennie avant de reprendre récemment contact avec lui, y voyant le possible prochain Premier ministre indien.

L'Etat du Gujarat, une vitrine économique contestée

Selon Arun Jaitley, un des leaders du BJP, les Indiens sont passés à autre chose et privilégient plutôt le bilan économique de Modi dans le Gujarat. L'Inde des chefs d'entreprises y voit une terre d'accueil privilégiée, louant un exécutif efficace et peu corrompu.

Cet état côtier du nord-ouest de l'Inde affiche une croissance annuelle moyenne de 10,13% entre 2005 et 2012, soit la deuxième plus forte des grands états indiens. Pour ses adversaires, sa bonne gouvernance masque en fait une centralisation du pouvoir virant à l'autoritarisme. "Le culte de la personnalité autour de Modi a atteint des niveaux jamais vus depuis des années dans ce pays", relevait l'éditorialiste Mihir Sharma en avril dans le Business Standard.

Une vie privée entourée de mystère

Il n'a jamais accepté le mariage arrangé organisé par ses parents pendant son enfance et vit seul dans sa résidence du Gujarat où il est fier de montrer sa collection d'oiseaux.

Jeune adulte, il aurait passé plusieurs années dans l'Himalaya pour une sorte de voyage initiatique avant de se lancer corps et âme dans le RSS et la politique, gagnant une réputation d'organisateur hors pair.

D. N. avec AFP