Corée du Nord: qui est la fille de Kim Jong-Un, dont l'existence a été confirmée pour la première fois

Le dirigeant nord-coréeen a assisté au lancement d'un missile avec une fillette vendredi. Il s'agit de la première confirmation officielle de l'existence de sa fille, selon les experts.

Un moment inédit. Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un a révélé l'existence de sa fille pour la première fois au monde entier, en supervisant le lancement de son dernier missile balistique intercontinental avec la fillette à ses côtés, selon des photographies officielles publiées ce samedi. Kim Jong-Un ne s'était jamais officiellement affiché avec un de ses enfants auparavant.

Vêtue d'une doudoune blanche et de chaussures rouges, la jeune fille apparaît aux côtés de son père, lui tenant la main sur certains clichés.

Kim Jong-Un et sa fille au lancement d'un missile nord-coréen à Pyongyang, le 18 novembre 2022 © STR / KCNA VIA KNS / AFP

Leur lien de parenté a été confirmé par l'agence KCNA, unique source d'information venant de Pyongyang, qui a indiqué que le dirigeant s'était rendu au lancement du missile accompagné de sa "femme et (de sa) fille bien-aimées".

La famille de Kim Jong-Un jamais confirmée par Pyongyang

Alors que les tensions sont croissantes dans la péninsule coréenne, Kim Jong-Un a supervisé avec sa fille vendredi le lancement du Hwasong-17 "avec succès", selon KCNA.

Mis à part les clichés, aucune autre information n'a été donnée par l'agence nord-coréenne sur l'identité de la fille de Kim Jong-Un. Ni son âge, ni son nom n'ont été communiqués.

L'agence officielle d'État KCNA n'avait jusque-là jamais mentionné les enfants de Kim Jong Un. Le régime nord-coréen n'a même jamais confirmé l'existence d'une famille du dirigeant.

Une "princesse" nord-coréenne

Le dirigeant nord-coréen est extrêmement discret sur vie privée et familiale. Seul son mariage avec Ri Sol Ju a été confirmé par Pyongyang en 2012, trois ans après avoir eu lieu.

Concernant sa descendance, une photo de son épouse en 2012 avait fait naître des rumeurs de grossesse, mais qui n'a jamais été confirmée par le régime. D'après les renseignements sud-coréens cependant, Kim Jong-Un a eu trois enfants nés en 2010, 2013 et 2017. Certains experts affirment qu'il s'agirait de deux filles et d'un garçon, rapporte notamment The Guardian.

L'une des seules confirmations de l'existence d'enfants du dirigeant provient curieusement d'une visite de la star américaine de la NBA Dennis Rodman, qui s'est rendu en Corée du Nord en 2013. Il a affirmé avoir, lors de cette visite, rencontré une fille de Kim, Ju Ae.

La jeune fille apparaissant sur les photos est probablement cette même Ju Ae, spécule auprès de l'AFP Cheong Seong-hang, expert du Nord à l'institut Sejong en Corée du Sud. Elle est l'équivalent d'une "princesse" nord-coréenne, estime-t-il.

Elle pourrait avoir entre 12 et 13 ans, avance dans The Guardian, Michael Madden, expert sur la Corée du Nord au centre Stimson de Washington.

La successeure de Kim Jong-Un?

Pourquoi une telle apparition soudaine? Selon certains experts, cette sortie publique n'est pas anodine et pourrait indiquer les ambitions futures de Kim Jong-Un pour la fillette. En effet, le fait qu'elle soit publiquement aux côtés de son père pourrait indiquer qu'elle a été choisie pour lui succéder, selon Cheong Seong-Hang.

L'actuel dirigeant nord-coréen avait lui-même été désigné par son père, Kim Jong-Il, parmi ses enfants pour prendre la tête du pays après lui parce qu'il estimait qu'il détenait des qualités proches des siennes.

"Kim Jong-Un pourrait vouloir faire de même avec cette fille en particulier", suggère Cheong Seong-Hang.

Cette apparition pourrait également permettre, d'après Soo Kim, d'envoyer "un message à la communauté internationale l'invitant à accepter la quatrième itération de terreur et de belligérance" de la part de Pyongyang, et "à s'y préparer".

Une façon en résumé de dire que le régime nord-coréen n'est pas près de s'arrêter et prévoit déjà son futur. Le monde doit s'attendre à "traiter avec la quatrième génération" du régime, met en garde l'experte.

Juliette Desmonceaux avec AFP