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Chine

En visite à Taïwan, le sénateur français Alain Richard persiste à qualifier l'île de "pays" et irrite Pékin

Le sénateur français Alain Richard salue la présidente de Taïwan Tsai Ing-wen à Taipei le 7 octobre 2021

Le sénateur français Alain Richard salue la présidente de Taïwan Tsai Ing-wen à Taipei le 7 octobre 2021 - CNA Pool © 2019 AFP

A la tête d'une délégation en visite à Taïwan, le sénateur français a employé à deux reprises le terme de "pays" pour nommer l'île de Taïwan, au risque d'irriter Pékin qui revendique le territoire.

Accusé jeudi par Pékin de "compromettre" les relations franco-chinoises, Alain Richard, qui est actuellement à la tête d'une délégation du Sénat français en visite à Taïwan, a persisté ce vendredi à qualifier cette île de "pays", assurant employer "une expression géographique" et non "politique".

"Il n'y avait aucune signification politique", a-t-il assuré en conférence de presse. "Je voulais exprimer ma gratitude", a-t-il ajouté après avoir reçu une médaille des mains de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, la bête noire de Pékin. "Le mot pays en français ne désigne pas une entité politique mais un espace géographique", a-t-il poursuivi.

Alain Richard a salué le bureau de représentation de Taïwan à Paris qui fait "un très bon travail dans la représentation de votre pays".

Agacement de Pékin

Le gouvernement chinois a réagi ce vendredi en accusant le sénateur français de "compromettre" ses relations avec Paris par son voyage à Taïwan, un territoire revendiqué par Pékin.

"Appeler Taïwan un pays viole outrageusement le consensus de la communauté internationale, France comprise", a déclaré devant la presse le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian.

Zhao Lijian a estimé qu'Alain Richard avait agi "par intérêt personnel afin de compromettre les relations entre la Chine et la France". "La Chine fait part de sa forte condamnation et de sa ferme opposition", a ajouté le porte-parole de Pékin.

Pékin considère Taïwan comme une de ses provinces et qu'elle est destinée à lui revenir, au besoin par la force, alors que cette île est gouvernée séparément depuis la victoire des communistes en Chine continentale en 1949.

Seule une quinzaine d'Etats au total reconnaissent Taïwan en tant que "République de Chine", aux dépens de la République populaire de Chine installée sur le continent. La France a été l'un des premiers Etats occidentaux à reconnaître le régime de Pékin aux dépens de Taïwan, en 1964.

Un simple "désaccord" pour Alain Richard

Sollicité par les journalistes vendredi sur la dénomination de sa représentation diplomatique en France, Alain Richard a répondu: "le nom de cette île et de ce pays est Taïwan, donc il n'y a pas de raison d'empêcher ce pays d'utiliser son nom".

Il a cependant réitéré l'importance des relations diplomatiques "nécessaires" avec la Chine, assurant par ailleurs que l'incident entourant la visite des sénateurs français est "un échange de lettre avec un désaccord et ce n'est pas plus impressionnant que cela".

"Nous attendons de la France qu'elle respecte la souveraineté de la Chine et son intégrité territoriale et n'adresse pas de mauvais signaux aux forces indépendantistes à Taïwan", a-t-il ajouté.

Alain Richard, le président du groupe d'amitié avec Taïwan au Sénat français, est arrivé à Taipei mercredi accompagné de deux autres sénateurs. L'ambassade de Chine à Paris avait averti que la visite des sénateurs français porterait atteinte aux intérêts chinois, aux relations franco-chinoises et à "l'image de la France".

Juliette Desmonceaux avec AFP