BFMTV
International

Après la perte de Palmyre et la mort de son numéro 2, peut-on parler de revers pour Daesh?

Vendredi, les Etats-Unis ont annoncé l'élimination du numéro 2 de l'organisation terroriste, Abdel Rahmane al-Qadouli. Cette perte s'ajoute à un recul dans la ville antique de Palmyre, reprise par l'armée du régime syrien.

Daesh a connu deux coups durs ce vendredi. Après la prise de la citadelle de Palmyre par l'armée du régime syrien, les Etats-Unis ont annoncé avoir tué Abdel Rahmane al-Qadouli, celui qui est présenté comme le numéro 2 de l'organisation terroriste. Ce dernier "était l'un des principaux responsables de l'Etat islamique, agissant comme son ministre des Finances et responsable de plusieurs complots extérieurs", a précisé Ashton Carter, le secrétaire américain à la Défense.

"Coup de frein"

Les difficultés ont débuté jeudi pour Daesh. Les forces prorégime étaient entrées dans la ville de Palmyre, au centre de la Syrie, toujours tenue par l'Etat islamique. "Nos forces armées, en coordination avec les Forces de défense nationale, ont pris le contrôle de l'ancienne citadelle de Palmyre après avoir infligé de lourdes pertes aux terroristes", a indiqué une source militaire citée par la télévision syrienne.

Vendredi, les Etats-Unis assurent que l'organisation jihadiste va être "freinée" par la mort de son numéro 2. "Tout terrain qu’on reprend affaiblit l’ennemi par définition", confirme sur BFMTV Marc Trévidic, ancien juge au pôle antiterroriste de Paris. "Les Etats-Unis ne parlent que de coup de frein, le rejoint Nicolas Hénin, spécialiste sur les questions de jihadisme joint par BFMTV.com. Ils sont relativement prudent."

Peur paranoïaque

Car pour cet ex-otage des combattants de l'Etat islamique, la situation est complexe. "On ne peut pas parler de recul, détaille-t-il. On est dans un combat dynamique avec des fronts qui avancent et des fronts qui reculent." Il en veut pour preuve le recul de Daesh, outre à Palmyre, dans le nord de Bagdad, dans la zone kurde en Syrie. "En revanche, il y a eu un gain très important de territoire dans le sud de la Syrie et notamment à proximité d'Israël ou au nord d'Alep", note-t-il.

"Les bombardements et les assassinats ciblés sont un vrai coup porté sur leur capacité de mobilité, sur leur leadership et sur leur état d'esprit, analyse Nicolas Hénin. Ils vivent dans la peur paranoïaque de la fuite d'informations sur des cibles. Et quand on vit dans la peur on est pas aussi bon que que quand on vit sereinement."

"Coup important"

Mais cette stratégie de l'Occident sera-t-elle payante concernant les combattants de Daesh? "Un numéro 2 est remplacé par un numéro 3 qui devient numéro 2, ça déstabilise un tout petit peu mais il y a plein de lieutenants possibles", nuance Marc Trévidic. Un langage qui apparaît bien nuancé alors que Bernard Cazeneuve, le ministre français de l'Intérieur, parlait lui de "coup important" porté à Daesh en Europe après l'arrestation de Salah Abdeslam en Belgique il y a une semaine. Trois jours plus tard, Bruxelles connaissait les tragiques événements du 22 mars.

Du point de vue de la propagande, Daesh a également connu un succès relatif, et notamment lors des attentats du 13-novembre. Si les terroristes des attaques de Paris ont causé la mort de 130 personnes, "les plans de Daesh n'ont pas fonctionné à 100%", insiste Nicolas Hénin, parlant notamment de la partie du Stade de France" qui "a fait un flop" ou le possible attentat dans le XVIIIe arrondissement avorté.

"Pour Bruxelles, il est probable que le plan initial était d'ampleur plus importante", prévoit-il. Avant de conclure sur une prévision: "Avec les perquisitions, qui arrivent certes trop tard, on arrive peut-être à bout de la filière du 13 novembre."

Justine Chevalier avec AFP