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Amérique du Nord

Tuerie de Floride: une manifestation fin mars pour dénoncer le culte des armes

Une manifestation contre les armes le 17 février 2018 à Fort Lauderdale, Floride

Une manifestation contre les armes le 17 février 2018 à Fort Lauderdale, Floride - JOE RAEDLE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Une manifestation à laquelle prendront part des survivants de la fusillade de Floride se déroulera le 24 mars dans la capitale américaine pour demander un contrôle plus strict des armes à feu aux États-Unis.

Des élèves survivants de la fusillade de Floride manifesteront fin mars à Washington pour réclamer un contrôle plus strict sur les armes à feu, un débat récurrent que les États-Unis échouent régulièrement à faire avancer. Baptisée "Marche pour nos vies", la manifestation aura lieu le 24 mars à Washington et dans d'autres villes du pays.

Nikolas Cruz, un ancien élève du lycée Marjory Stoneman Douglas de Parkland, au nord de Miami, a ouvert le feu au fusil semi-automatique mercredi dans les couloirs de l'établissement, faisant 17 morts dont une majorité d'adolescents. Agé de 19 ans, il avait obtenu l'autorisation d'acheter son arme malgré des signalements pour violences.

La NRA pointée du doigt

De nombreuses voix se sont élevées depuis le massacre pour dénoncer les liens entre le monde politique et le puissant lobby pro-armes National Rifle Association (NRA) qui défend la vente libre des armes et empêcherait un renforcement de la législation au Congrès. "Ce n'est pas contre le parti républicain ou contre les démocrates", a assuré sur la chaîne ABC Cameron Kasky, un élève de Première.

"Chaque homme politique des deux bords qui reçoit de l'argent de la NRA est responsable de ce type d'évènement", a-t-il affirmé, dénonçant le fait que "la NRA défend et fait la promotion de cette culture des armes". Le lobby s'oppose en effet à toute limitation au nom du deuxième amendement de la Constitution qui garantit le droit de posséder et de porter une arme.

Près de 15.600 personnes ont été tuées par une arme à feu en 2017 dans le pays de quelque 320 millions d'habitants, selon l'organisation Gun Violence Archive qui ne compte pas les suicides. L'objectif est de "créer une nouvelle normalité où ce serait considéré comme une honte pour les hommes politiques d'accepter l'argent de la NRA", a ajouté le jeune homme.

"Ignorer la NRA et prendre la bonne décision"

Pour une autre élève, Emma Gonzalez, tous les étudiants américains devraient s'impliquer dans ce débat car tous courent le même danger. "Ils doivent nous rejoindre pour faire passer notre message", a dit l'élève de Terminale, qui avait dénoncé la veille avec force le soutien financier de la NRA à la campagne de Donald Trump en 2016.

Le débat sur un contrôle des armes est régulièrement ravivé après des fusillades meurtrières, mais le Congrès américain échoue régulièrement à légiférer. La résistance au contrôle des armes est fortement ancrée chez les républicains mais elle est aussi présente dans le camp démocrate, a admis sur CNN le sénateur démocrate Adam Schiff, assurant qu'il était temps que le Congrès "se bouge et fasse ce que le pays lui demande: ignorer la NRA et prendre la bonne décision".

"C'est une question très politique, il faut que nous amenions les gens à voter sur cette question", a renchéri sur Fox l'astronaute Mark Kelly, époux de Gabby Giffords, une ancienne élue victime d'une fusillade en Arizona qui l'a handicapée.

"Des petits pas qui peuvent être efficaces"

Mais le gouverneur républicain de l'Ohio John Kasich a douté de la volonté réelle des parlementaires à s'engager dans une réforme de fond, suggérant des changements spécifiques comme la vérification des antécédents des acheteurs.

"Je ne veux pas une interdiction totale, je parle de petits pas qui peuvent être efficaces, et le Congrès devrait le faire. Mais je n'ai aucune confiance en eux (les élus) comme, je pense, la majorité des Américains". Il a appelé les partisans du second amendement à "réfléchir aux choses raisonnables qu'on peut faire pour répondre à ces jeunes gens", en référence aux lycéens de Floride.

Mais pour le commentateur radio conservateur Rush Limbaugh, la fusillade "n'est pas la faute de la NRA". "C'est la faute des gens qui font ça et de notre incapacité à les arrêter", a-t-il dit dimanche sur Fox, reprenant l'antienne du puissant lobby. Les écoles "sont des zones interdites aux armes et celui qui veut tirer sur une école sait qu'il sera le seul à être armé", a-t-il expliqué. Selon lui, le seul moyen d'éviter ce genre de fusillades est d'autoriser le port d'une arme dissimulée ("concealed carry") sur les campus, comme c'est déjà le cas dans plusieurs Etats américains.

P.L avec AFP