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États-Unis

Washington reconnaît un raté des services de renseignement sur le retrait des troupes américaines d'Afghanistan

John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale rattaché au président Joe Biden, le 28 novembre 2022 à la Maison Blanche. PHOTO D'ILLUSTRATION

John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale rattaché au président Joe Biden, le 28 novembre 2022 à la Maison Blanche. PHOTO D'ILLUSTRATION - Jim Watson

"Il est clair que nous nous sommes trompés" en termes de renseignement, a reconnu ce lundi John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale aux États-Unis.

La Maison Blanche a admis ce jeudi un raté des services de renseignement, mais défendu globalement la décision et l'exécution du retrait des troupes américaines d'Afghanistan, seul "scénario" envisageable.

Le président américain Joe Biden a transmis ce jeudi au Congrès les documents classifiés relatifs au retrait d'Afghanistan, réclamés de longue date en particulier par les républicains, et la Maison Blanche a profité de l'occasion pour justifier cette décision qui a mis fin, en août 2021, à la plus longue guerre de l'Amérique.

"En fin de compte, après plus de 20 ans, plus de 2000 milliards de dollars dépensés et l'organisation d'une armée afghane de 300.000 militaires, la vitesse et la facilité avec laquelle les talibans ont pris le contrôle de l'Afghanistan suggèrent qu'il n'y avait pas d'autre scénario qui aurait pu changer la trajectoire, à l'exception d'une présence militaire américaine permanente et nettement renforcée", selon ce compte-rendu distribué à la presse.

Les talibans ont repris le pouvoir avant même que le dernier soldat américain ne soit parti, et John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, un organe directement rattaché à Joe Biden, a reconnu que la Maison Banche n'avait pas anticipé cette victoire éclair, ni la désaffection massive de l'armée et des autorités afghanes.

"Cela ne veut pas dire que ce n'était pas la peine"

"Il est clair que nous nous sommes trompés" en termes de renseignement, a-t-il dit lors d'un briefing, ajoutant que Washington n'avait pas non plus "pris la pleine mesure du degré de corruption parmi les officiers" afghans.

"Mettre fin à une guerre, quelle qu'elle soit, n'est pas chose facile, sûrement pas après 20 ans", a-t-il toutefois souligné, ajoutant: "Cela ne veut pas dire que ce n'était pas la peine."

Un retrait américain d'Afghanistan "a toujours été l'intention du président" Biden, a rappelé le porte-parole. Le démocrate a plusieurs fois expliqué que l'armée américaine, ayant mené à bien sa mission initiale qui était de contrer la menace terroriste en Afghanistan, devait redéployer ses forces pour faire face à d'autres menaces.

Un "désastre"?

La Maison Blanche a en revanche chargé l'ancien président républicain Donald Trump: "Il est aussi indéniable que les décisions prises par l'administration précédente et l'absence totale de préparation ont nettement limité les options possibles."

Donald Trump a vivement critiqué cette déclaration, accusant des "imbéciles à la Maison Blanche" de lui faire porter la responsabilité pour ce "désastre". "Biden est responsable, personne d'autre!", a-t-il affirmé sur son réseau Truth Social.

John Kirby a par ailleurs vanté l'ampleur et la rapidité de l'opération d'évacuation conduite par les Américains, qui ont sorti plus de 120.000 personnes d'Afghanistan en quelques jours, par des rotations aériennes.

Le 30 août 2021, une minute avant minuit, le dernier soldat américain s'était envolé de l'aéroport de la capitale afghane avec 24 heures d'avance sur la date butoir fixée par le président américain pour le retrait des troupes du pays.

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A.G avec AFP