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Afghanistan

Un environnement "extrêmement chaotique": des militaires français racontent les coulisses des évacuations à Kaboul

Les évacuations françaises depuis l'aéroport de Kaboul en Afghanistan ont pris fin plusieurs jours avant celles des Américains. Un commandant de bord et un colonel de l'armée française racontent pour BFMTV les coulisses d'une opération hors normes.

Un sang froid paré pour une situation chaotique. Trois jours après la fin des évacuations françaises depuis l'aéroport de Kaboul en Afghanistan, deux militaires sont revenus pour BFMTV sur cette opération d'envergure menée par de nombreux autres pays. Avec pour l'objectif d'évacuer les ressortissants français et des Afghans après la prise du pouvoir par les talibans, les forces armées ont instauré un pont aérien entre la capitale afghane et Abu Dhabi. Le tout au milieu de scènes parfois dramatiques.

"Nous sommes formés à faire ce type de mission", assure toutefois le commandant Guillaume, "nous nous entraînons régulièrement en métropole dans les scénarios tactiques de divers niveaux à opérer en cas de menace."

Le commandant de bord sur A400M explique à BFMTV depuis Abu Dhabi que des procédures particulières sont prévues pour que les soldats français puissent évoluer dans ce type de théâtre. Aussi, si certaines images montrent des avions militaires pleins à craquer de réfugiés et de ressortissants, le militaire assure que les avions n'étaient "pas surchargés".

L'aéroport, un environnement "extrêmement chaotique"

Le commandant Guillaume reconnaît que les normes de sécurité sont "moindres" que celles de métropole, mais "maîtrisées et permettent de décoller en toute sécurité", notamment grâce à l'Airbus A400M Atlas, un avion aux performances "assez intéressantes".

Reste qu'avant de décoller, il faut encore sécuriser les ressortissants français et les réfugiés afghans bloqués sur le tarmac et se trouvant donc dans un environnement "extrêmement chaotique"

"Il fallait accueillir avec le maximum de dignité celles et ceux qui devaient être évacués, donc ça veut dire garder dans un environnement très bruyant un sentiment de calme, de propreté, notamment pour les enfants", explique sur notre antenne le colonel Gautier Saint-Guilhem. "On a eu pendant une nuit jusqu'à 125 enfants qui étaient dans le centre d'évacuation qu'il fallait évacuer par avion."

Le chef de corps du 5e régiment de cuirassiers aux Émirats arabes unis précise que l'essentiel de la mission des forces françaises se déroulait à l'intérieur de l'aéroport, où se trouvaient également des soldats allemands, américains ou anglais. Face à l'afflux de personnes sur la piste de décollage, la protection des personnes à évacuer constituait un défi tout aussi inédit.

"Il y a toujours un facteur chance"

Le colonel se dit toutefois "extrêmement fier" de l'accomplissement de cette mission et du déploiement rapide des forces armées sur place. L'appui "indéfectible" des Émiriens pour les évacuations a également été salué par le militaire français.

"Il y a toujours dans une mission un facteur chance", déclare le colonel Gautier Saint-Guilhem. Le chef de corps estime même que la réussite de cette opération était aussi un moyen pour certains de "rendre hommage aux 90 camarades français qui sont morts là-bas de 2001 à 2014".

La France a évacué 2834 personnes, dont plus de 2600 Afghans depuis l'aéroport de Kaboul. Une mission marquante à bien des égards et qui n'a pas laissé le commandant Guillaume indifférent devant la détresse des Afghans.

"Quand on transporte des femmes et des hommes qui ont presque tout perdu et dont c'est l'un des derniers recours de pouvoir embarquer dans un de nos avions, c'est un moment particulièrement fort", conclut-il.
Hugues Garnier Journaliste BFMTV