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États-Unis

Trayvon Martin: les indignés dégainent leur sweat à capuche

Le mouvement "hoodie" érige le sweat à capuche en symbole de la lutte contre l'injustice raciale que constitue, selon eux, le verdict rendu dans l'affaire Trayvon Martin.

Le mouvement "hoodie" érige le sweat à capuche en symbole de la lutte contre l'injustice raciale que constitue, selon eux, le verdict rendu dans l'affaire Trayvon Martin. - -

Aux Etats-Unis, George Zimmerman, l'homme qui a tué Trayvon Martin, un jeune noir de 17 ans, a été acquitté dimanche. Depuis, des milliers d'Américains manifestent leur colère face à ce qu'ils considèrent comme un verdict raciste. Avec un symbole: le sweat à capuche, aussi appelé "hoodie".

Il n’est pas rare qu’un mouvement social érige un vêtement ou un accessoire en symbole, à l’image du keffieh, emblème pro-Palestine par excellence. Aux Etats-Unis, les citoyens révoltés par l’acquittement de George Zimmerman ont trouvé leur emblème: le sweat à capuche, aussi appelé "hoodie".

C’était pour ainsi dire une évidence puisque c’est l’habit que portait Trayvon Martin, un adolescent noir de 17 ans, lorsque George Zimmerman l’a abattu en lui tirant dessus, le soir du 26 février 2012. L’homme, qui participait alors à une ronde de surveillance dans la banlieue de Sanford, en Floride, invoque la légitime défense. Une version qui a convaincu les six jurés qui l’ont fait acquitter, ce samedi 13 juillet. Depuis, la colère gronde aux quatre coins des Etats-Unis et le mouvement "hoodie", apparu après la mort de Trayvon Martin, s’est réveillé.

Martin Luther King, autre emblème du mouvement "hoodie"

Partout, dans les journaux, à l’église, sur les réseaux sociaux, le sweat à capuche s’exhibe en signe de protestation contre un verdict jugé raciste. Il faut rappeler que le jeune homme qui rentrait chez lui le soir du drame, portait pour seules "armes" une boisson et un paquet de bonbons. Pour nombre d’Américains, cet acquittement est violent, il signifie que dans l’Amérique de Barack Obama, on peut pourchasser et tuer un jeune noir non violent simplement parce que son attitude vous inquiète.

Une photographie publiée sur Twitter par Van Jones, célèbre défenseur des droits civiques, montre Martin Luther King portant un sweat-shirt gris à capuche, semblable à celui de Trayvon Martin. Depuis l’acquittement de George Zimmerman, le photomontage a fait le tour des réseaux sociaux, incitant les internautes à poster des photos d’eux avec le fameux "hoodie". Plusieurs pasteurs afro-américains ont par ailleurs suivi le pas en initiant le "Hoodie Sunday", dimanche dernier.

April 4th, 1968 ... #RipTrayvonMartin ... Please RT to share this image. #MLK pic.twitter.com/ywAr1zMZAy
— Van Jones (@VanJones68) July 14, 2013

"Quand cela s'arrêtera-t-il?"

Bobby Rush, député démocrate en ancien membre des Black Panther, retire sa veste pour dévoiler un sweat à capuche en mars 2012. Il proteste alors contre le meurtre de Trayvon Martin, un jeune noir américain de 17 ans.
Bobby Rush, député démocrate en ancien membre des Black Panther, retire sa veste pour dévoiler un sweat à capuche en mars 2012. Il proteste alors contre le meurtre de Trayvon Martin, un jeune noir américain de 17 ans. © -

Aux Etats-Unis, le sweat à capuche a une mauvaise réputation qui l’associe aux délinquants. En mars 2012, les propos de Geraldo Rivera, présentateur sur la chaîne Fox News, avaient choqué les partisans de Trayvon Martin. "J’invite les parents, particulièrement ceux des jeunes latinos et noirs, à ne pas laisser leurs enfants sortir vêtus d’un sweat-shirt à capuche. Je pense que ce vêtement est autant responsable de la mort de Trayvon Martin que George Zimmerman", avait-il déclaré.

Ni une, ni deux, les insurgés dégainaient leur "hoodie", dans la rue mais aussi au Congrès. Le député démocrate Bobby Rush avait en effet ôté sa veste pour révéler un sweat-shirt et en rabattre la capuche.

Ce lundi 15 juillet, le New York Daily News affichait en une un sweat-shirt à capuche vide, avec les noms de noirs américains assassinés. Le journal questionne: "Mais quand cela s’arrêtera-t-il?". Pour l’heure le président Obama a apporté une réponse qui risque d’en frustrer plus d’un. Il a annoncé ce lundi qu’il n’interviendrait pas dans l’enquête fédérale suite au verdict rendu par un jury populaire.

Souen Léger