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Polémique et procès pour meurtre, l'autre histoire d'"American sniper"

Eddie Ray Routh, 27 ans, risque la prison ou l'internement psychiatrique à vie. Il est accusé d'avoir tué Chris Kyle, le héros "d'American Sniper", qui sort sur les écrans ce mercredi en France.

Eddie Ray Routh, 27 ans, risque la prison ou l'internement psychiatrique à vie. Il est accusé d'avoir tué Chris Kyle, le héros "d'American Sniper", qui sort sur les écrans ce mercredi en France. - HO - Erath County Sheriff - AFP

L'ancien Marine Eddie Ray Routh, 27 ans, comparaît actuellement devant la justice et risque la prison ou l'internement psychiatrique à vie. Il est accusé d'avoir tué Chris Kyle, le soldat qui a inspiré le film American Sniper, qui sort sur les écrans ce mercredi en France.

Il a tué "La Légende". Et risque aujourd'hui la prison à perpétuité sans possibilité de libération, voire un internement psychiatrique à vie. Eddie Ray Routh, 27 ans, est actuellement jugé au Texas, aux Etats-Unis, pour le meurtre de Chris Kyle, le tireur d'élite incarné par Bradley Cooper - en course pour l'Oscar du meilleur acteur - dans le film triomphal American Sniper, qui débarque sur les écrans ce mercredi en France.

Alors que le long-métrage, réalisé par Clint Eastwood, connaît déjà un succès commercial - avec le chiffre record de 107 millions de dollars au box-office pour les quatre premiers jours après sa sortie - et critique à la hauteur de la polémique qu'il a suscitée outre-Atlantique, le procès d'Eddie Ray Routh, loin de la fiction, passionne également les Américains.

A juste titre: la triste histoire qui lie le prévenu et le défunt, "deux frères d'armes", est d'une ironie infinie, dans un contexte qui n'a de cesse de diviser les Etats-Unis.

La plus fine gâchette de l'armée américaine

Impossible d'évoquer ce sujet sans revenir sur la personnalité la victime, Chris Kyle. Celui qui s'était mis à rêver de devenir cow boy de rodéo dans sa jeunesse a mis un terme à tous ses plans, en 1999, en s'engageant dans l'armée américaine. Ce patriote, qui se spécialise très vite chez les snipers, devient même obsessionnel à l'idée d'être déployé en opération peu de temps après les attentats du 11 septembre 2001.

Son voeu est exaucé en mars 2003, quand il participe à toutes les plus grandes batailles de l'opération "Libération de l'Irak". Tireur d'élite hors-pair, il accumule près de 160 victimes confirmées par le Pentagone, alors qu'il en revendique lui-même près de 255. Quel que soit le chiffre retenu, il est le sniper ayant tué le plus grand nombre d'ennemis, ou d'ennemis supposés, dans l'histoire militaire américaine.

"La Légende" opposée au "Diable de Ramadi"

Ses faits d'armes le précèdent: à Falloujah, ses compagnons de guerre le surnomment "La légende". Les lignes ennemies, au courant de ses "exploits", en font de leur côté une cible prioritaire: une grande somme d'argent est promise à celui qui descendra "le Diable de Ramadi", du nom de la ville irakienne, théâtre de lourds combats en 2006.

Retiré des conflits en 2009, il devient une véritable personnalité controversée aux Etats-Unis: une partie de l'opinion le considère comme un héros de guerre et un symbole, quand l'autre le voit comme un patriote fou et dangereux, un salaud qui a tué beaucoup trop de personnes. "Pas assez", répondait le principal intéressé: dans son libre autobiographique, duquel est tiré American Sniper, Chris Kyle expliquait regretter "ne pas en avoir tué davantage".

Il avait pris sous son aile celui qui lui tirera dans le dos

C'est de retour sur les terres de l'oncle Sam que le chemin du sniper croise celui d'Eddie Ray Routh. Le premier a depuis contribué à lancer une fondation, Fitco Cares, qui a pour but de venir en aide aux anciens soldats malades à leur retour des combats. Le second est justement l'un de ceux-là: tout comme Chris Kyle, il a servi en Irak, en 2007. Il a ensuite été déployé en Haïti, à la suite du terrible tremblement de terre de 2010.

Atteint d'un syndrome de stress post-traumatique, Eddie Ray Routh côtoie ainsi l'imperturbable "légende", qui a toujours déclaré "ne pas penser" à ses nombreuses victimes, après lui avoir proposé son aide. Une rencontre qui se termine dramatiquement, le 2 février 2013 sur un stand de tir de Glen Rose, toujours au Texas: ce jour là, l'ancien Marine, alors âgé de 25 ans, est accusé d'avoir tué, dans le dos, Chris Kyle et son ami Chad Littlefield. Une scène de tuerie que vous ne verrez pas dans American Sniper.

Arrêté quelques heures plus tard en possession du véhicule du sniper, il confessera les meurtres en affirmant que "des gens suçaient son âme et qu'il pouvait renifler les cochons".
Non loin du tribunal où se déroule le procès du tueur présumé de Chris Kyle, il est possible d'acheter des casquettes en souvenir de ce dernier.
Non loin du tribunal où se déroule le procès du tueur présumé de Chris Kyle, il est possible d'acheter des casquettes en souvenir de ce dernier. © Brandon Wade / Getty Imahes North America - AFP

Un malade mental, ou un coupable comme un autre?

Actuellement jugé à Stephenville, non loin de Dallas, le procès du meurtrier présumé de Chris Kyle cristallise les passions, surtout dans un Etat aussi conservateur que le Texas. Preuve en est: des casquettes portant le logo arboré un temps par le tireur d'élite sont notamment mises en vente non loin du tribunal, afin de soutenir les familles des victimes. "Donnez à ceux qui ont tout donné", peut-on également lire chez certains commerçants.

Quant au prévenu, aujourd'hui âgé de 27 ans, sa culpabilité ne semble plus faire de doute, à en lire les compte-rendus des premières auditions. Reste à savoir s'il ira en prison, ou en hôpital psychiatrique. Eddie Ray Routh, qui plaide non coupable, "souffrait d'une psychose si sévère qu'il ne savait pas que ce qu'il faisait était mal", avait attaqué, dans son plaidoyer, son avocat Tim Moore.

https://twitter.com/jmaccaud Jérémy Maccaud Chef d'édition BFMTV