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États-Unis

Le silence de Donald Trump sur sa stratégie en Syrie

Donald Trump à la Maison Blanche, le 10 avril.

Donald Trump à la Maison Blanche, le 10 avril. - Mandel Ngan - AFP

Après avoir ordonné des frappes sur une base de l'aviation syrienne, la semaine dernière, Donald Trump n'a pas dit un mot sur la stratégie qu'il compte adopter en Syrie.

Depuis les frappes menées dans la nuit de jeudi à vendredi contre une base de l'aviation syrienne, plus rien. Après avoir frappé fort, Donald Trump n'a donné ni déclaration d'intention, ni explication détaillée, sur la suite de sa stratégie en Syrie, maintenant un silence assourdissant sur la question.

Les Américains ne font pas confiance à Trump pour gérer le dossier syrien

Selon un sondage réalisé après la campagne de frappes américaines sur le sol syrien, 55% des Américains approuvent la décision prise par Donald Trump de répliquer militairement à l'attaque au gaz imputée au régime de Bachar al-Assad. Mais pourtant, 54% disent ne pas faire confiance au président républicain dans la gestion du dossier syrien. 

Comme l'explique notre correspondant à Washington Jean-Bernard Cadier, le Pentagone insiste pour dire que ces frappes sont un succès militaire, et qu'elles auraient permis de détruire 20% de l'aviation syrienne. Mais politiquement, la situation est plus complexe.

Les stratèges de la Maison Blanche ont été visiblement pris de court par la décision de Donald Trump d'envoyer 59 missiles Tomahawk sur une position du régime syrien, et ne savent pas vraiment quel est le plan du président, ni quelles sont ses priorités.

Absence de ligne claire

Comme le souligne le New York Times, plusieurs voix ont émergé ce week-end au sein de l'administration Trump pour tenter de donner un début d'explication de la ligne de conduite américaine en Syrie. Mais à aucun moment le président américain lui-même n'a pris la parole pour éclaircir son plan, rendant la situation particulièrement confuse. Ainsi, selon les déclarations de plusieurs officiels américains, Washington serait déterminé à frapper en Syrie lorsque des armes chimiques seront utilisées. 

Lundi, lors de son arrêt en Italie avant de se rendre à Moscou, le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a déclaré que les Etats-Unis demanderaient des comptes à "tous ceux commettant des crimes contre des innocents à travers le monde".

Quelques heures plus tard, le porte-parole de la Maison Blanche Sean Spicer ajoutait que Donald Trump agirait en Syrie non seulement si l'usage d'armes chimiques était rapporté, mais aussi en cas d'utilisation d'armes conventionnelles contre des civils.

"Si vous gazez un bébé, si lâchez un baril d'explosifs sur des innocents, vous verrez une réponse de ce président", a-t-il ainsi indiqué aux journalistes lors de son point quotidien, lundi à la Maison Blanche.

Trump désespérément silencieux

Si cette ligne était effectivement celle que Donald Trump venait à adopter en Syrie, elle différerait en tous points de la position isolationniste défendue tout au long de sa campagne. Cependant, comme le fait remarquer le New York Times, ces déclarations semblent irréalistes au regard du nombre d'attaques aux barils d'explosifs recensées en Syrie.

En effet, le régime syrien fait un usage très régulier des barils d'explosifs. Selon les chiffres du Réseau syrien des Droits de l'Homme, Damas aurait ainsi lâché 495 barils au cours du seul mois de mars 2017, et 12.958 en 2016. Difficile donc, d'imaginer une réplique américaine à chaque attaque du genre, ce genre de stratégie risquant d'enliser les Etats-Unis dans un conflit sans fin. 

A l'heure où sa propre équipe semble émettre des hypothèses sur la situation, la parole de Donald Trump est désormais scrutée. Son compte Twitter reste, lui aussi, désespérément silencieux sur le sujet. Des précisions arriveront peut-être après la venue de Rex Tillerson à Moscou. Le secrétaire d'Etat américain est arrivé en Russie ce mardi après-midi, pour une visite qui s'annonce d'ores-et-déjà glaciale. 

Adrienne Sigel