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États-Unis

Iran-Usa: le coup de fil historique d'Obama à Rohani

Barack Obama au téléphone avec le président de la Chambre des Représentants, John Boehner, le 31 août.

Barack Obama au téléphone avec le président de la Chambre des Représentants, John Boehner, le 31 août. - -

Le président Barack Obama a annoncé vendredi avoir parlé au téléphone avec son homologue Hassan Rohani, un contact sans précédent entre Etats-Unis et Iran depuis la révolution islamique de 1979.

"A l'instant, je viens de parler avec le président iranien Rohani". En déclarant cette phrase ce vendredi, Barack Obama a surpris beaucoup de monde. L'annonce est en effet aussi inattendue que spectaculaire, alors que les Etats-Unis et l'Iran ont rompu leurs relations diplomatiques en 1980, dans la foulée de la révolution islamique l'année précédente.

Hassan Rohani, qui a pris ses fonctions le mois dernier après avoir bénéficié du soutien des réformateurs, a multiplié depuis les ouvertures envers l'Occident, à rebours des diatribes enflammées de son prédécesseur ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad. Ses déclarations "constructives" ont été relevées par Washington.

"Nous avons discuté de nos tentatives en cours de parvenir à un accord sur le programme nucléaire iranien", a ajouté le dirigeant américain. Le gouvernement iranien a ensuite confirmé cet appel, annoncé également sur son compte Twitter par le président iranien quasiment au moment où son homologue américain prenait la parole.

Selon le site, les deux présidents se sont aussi mis d'accord pour confier à leurs chefs de la diplomatie, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif et le secrétaire d'Etat américain John Kerry, la mission de préparer "dès que possible" les conditions pour une "coopération nécessaire".

30 ans de silence

Première discussion directe entre des dirigeants américain et iranien depuis plus de 30 ans, l'entretien téléphonique a eu lieu alors que Hassan Rohani "était en route pour l'aéroport en quittant New York". Il achevait cinq jours de visite à l'occasion de l'assemblée générale des Nations unies.

Selon un haut responsable américain s'exprimant sous couvert de l'anonymat, c'est Hassan Rohani qui a demandé à parler à Barack Obama avant de quitter les Etats-Unis. De même source, tous deux ont discuté via des interprètes mais se sont souhaité au revoir en farsi pour Barack Obama et en anglais pour Hassan Rohani.

"Le simple fait que cet appel était le premier contact entre des présidents américain et iranien depuis 1979 illustre la profonde méfiance régnant entre nos deux pays", a remarqué Barack Obama.

Mais cette conversation, trois jours après un rendez-vous manqué entre les deux présidents à New York en marge de l'assemblée générale des Nations unies, "montre aussi une possibilité de surmonter cette histoire difficile", a estimé Barack Obama.

"Une base pour une solution"

"Je pense qu'il y a une base pour une solution" avec Téhéran, a-t-il assuré. Les Etats-Unis et leurs alliés soupçonnent la république islamique de vouloir se doter d'une bombe nucléaire sous couvert d'un programme civil, ce que l'Iran dément.

Jeudi à New York, John Kerry et Mohammad Zarif avaient discuté du nucléaire lors d'une rencontre historique. Celle-ci s'était déroulée à l'issue d'une réunion déjà sans précédent entre Mohammad Javad Zarif et ses homologues des grandes puissances - dont John Kerry- durant lesquels tous s'étaient accordés pour de nouvelles négociations sur le nucléaire iranien à Genève les 15 et 16 octobre prochain.

Lors de son séjour new-yorkais, Hassan Rohani a multiplié les gestes affichant sa volonté de dialogue avec Washington.

Barack Obama et Hassan Rohani étaient tous deux au siège de l'ONU à New York mardi, alimentant les rumeurs d'une poignée de mains entre les deux dirigeants. Elle n'a finalement pas eu lieu, bien que les Etats-Unis y aient été disposés, selon un haut responsable américain. De même source, les Iraniens avaient décliné une proposition de rencontre informelle, estimant qu'elle serait "trop compliquée à réaliser à l'heure actuelle".

A. G. avec AFP