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Donald Trump inculpé: qu'est-ce que cette décision historique change pour l'élection de 2024?

L'ex-président, inculpé au pénal dans une affaire d'achat de silence datant de 2016, est prêt à "se battre" sur tous les fronts, selon son avocat, et notamment la course à la Maison Blanche en 2024.

Pour la première fois dans l'histoire des États-Unis, un ancien président a été inculpé au pénal par la justice de l'État de New York. Mardi prochain, Donald Trump devra se présenter devant la justice afin de se voir formellement notifier les charges pesant contre lui dans une affaire d'achat du silence d'une star du porno en 2016.

Ce dossier, porté par le procureur démocrate de Manhattan Alvin Bragg, pourrait n'être que le premier, et peut-être le moins sérieux, pour l'ancien président - déjà déclaré candidat à la primaire républicaine pour l'élection présidentielle de 2024 - qui fait l'objet de multiples autres enquêtes judiciaires.

Pas d'inéligibilité à ce stade

Mais, aux États-Unis, une personne accusée au pénal ou condamnée peut être candidate à n'importe quelle poste et élue. La Constitution prévoit une seule exception à l'exercice d'une fonction officielle: avoir participé à une "insurrection" ou à une "rébellion" contre le pays.

Ce scénario n'est pas totalement écarté: Donald Trump, qui s'est lancé dès novembre dernier dans la course à la présidentielle de 2024, fait l'objet d'une enquête de la justice fédérale pour son rôle dans l'assaut contre le Capitole le 6 janvier 2021.

Une enquête parlementaire a recommandé de l'inculper pour "appel à l'insurrection", mais aucune charge n'a été retenue contre lui à ce stade.

Toujours favori à la primaire?

Si elle ne lui retire pas le droit de se présenter à une élection, cette inculpation pourrait avoir un impact sur sa campagne en alimentant les potentielles attaques que lui enverront ses opposants.

Mais Donald Trump reste toujours dans la course à la Maison Blanche et figurait, il y a encore quelques jours, comme grand favori parmi les candidats potentiels ou déclarés de l'investiture républicaine.

"Cela montre à quel point les mœurs politiques américaines ont changé, parce qu'à une autre époque, sans doute, cette inculpation aurait suffi à l'éliminer de la course. Aujourd'hui, c'est loin d'être le cas", a analysé Thierry Arnaud, éditorialiste politique internationale à BFMTV.

D'ailleurs, l'ex-président a vite contre-attaqué en se faisant passer pour une victime d'un coup politique du procureur de Manhattan. Le 45e président des États-Unis a brocardé dans un communiqué une "persécution politique et une ingérence dans l'élection" présidentielle de 2024.

Il a dénoncé une "chasse aux sorcières" qui "se retournera contre Biden", le président démocrate élu en novembre 2020 et que Donald Trump accuse depuis plus de deux ans d'avoir "volé" sa victoire.

Soutien des républicains

L'un des principaux rivaux républicains de Donald Trump pour 2024, le gouverneur de Floride Ron DeSantis, a jugé cette inculpation "contraire aux valeurs de l'Amérique".

Même soutien sans faille du président républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, pour qui "le peuple américain ne tolérera pas cette injustice" et un "abus de pouvoir sans précédent" de la part du procureur Bragg.

De son côté, Mike Pence, ancien vice-président de Donald Trump, qui a depuis pris ses distances et est pressenti pour concourir en 2024, a jugé que l'inculpation était une "honte" qui n'aurait pas d'influence sur les élections.

"Pour des millions d'Américains, cela semble n'être rien de plus qu'une poursuite politique menée par un procureur qui s'est littéralement présenté aux élections en promettant d'inculper l'ancien président", a-t-il affirmé sur CNN.

Chris Christie, ancien gouverneur du New Jersey, qui a indiqué ne plus soutenir Donald Trump, est même allé plus loin la semaine dernière dans une interview en affirmant que l'acte d'accusation aiderait Trump auprès des électeurs républicains.

Théo Putavy avec AFP