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Assaut du Capitole: un meneur du groupe d'extrême droite Proud Boys condamné à 17 ans de prison

Joseph Biggs, un dirigeant du groupe d'extrême droite Proud Boys, le 6 juillet 2019 à Washington D.C. (États-Unis).

Joseph Biggs, un dirigeant du groupe d'extrême droite Proud Boys, le 6 juillet 2019 à Washington D.C. (États-Unis). - STEPHANIE KEITH / GETTY IMAGES NORTH AMERICA

Il s'agit de la deuxième peine la plus lourde prononcée par la justice américaine dans cette affaire.

Un dirigeant du groupe d'extrême droite américain Proud Boys a été condamné jeudi à 17 ans de prison pour l'assaut contre le Capitole, sanctuaire de la démocratie américaine, le 6 janvier 2021 à Washington.

Les procureurs avaient réclamé 33 ans de prison contre Joseph Biggs, ancien militaire qui a servi en Irak et en Afghanistan, pour avoir conduit quelque 200 membres des Proud Boys au Capitole, siège du Congrès aux Etats-Unis, afin de tenter d'y empêcher la certification de la victoire du démocrate Joe Biden sur le président républicain sortant Donald Trump.

Il s'agit de la deuxième peine la plus lourde prononcée par la justice américaine dans cette affaire, mais la plupart des commentateurs juridiques s'attendaient à une sentence encore plus sévère.

Regrets de l'accusé

Le juge Timothy Kelly a pris en compte des circonstances aggravantes pour faits de terrorisme demandées par les procureurs mais souligné qu'il avait fixé la peine à 16 ans de moins que les réquisitions au motif que le prévenu "n'avait pas eu l'intention de tuer".

L'accusé avait auparavant exprimé ses regrets, assurant qu'il était désormais écoeuré de la politique et de toute affiliation à un groupe.

En mai, il avait été reconnu coupable de six chefs d'accusation, dont celui de sédition, avec d'autres dirigeants des Proud Boys.

Un autre accusé dans ce dossier, Zachary Rehl, contre lequel ont été requis 30 ans de prison, connaîtra le quantum de sa peine lors d'une audience dans l'après-midi présidée par le même juge. Deux autres suivront vendredi, avant le chef du groupe, Enrique Tarrio, le 5 septembre.

"Je ne suis pas un terroriste"

Les cinq militants ont aussi été reconnus coupables d'autres accusations moins lourdes, comme entrave aux travaux du Congrès ou destruction de biens publics. Le procureur Jason McCullough a fait valoir à l'audience la gravité de l'assaut du Capitole et la nécessité de peines dissuasives.

"Il y a une raison pour laquelle nous devrons retenir notre souffle lors des prochaines élections", a-t-il dit, affirmant que les assaillants avaient "voulu intimider et terrifier" tous ceux qui s'opposaient à eux.

Cette journée du 6 janvier 2021 "a brisé notre tradition de passation pacifique du pouvoir, l'une des choses les plus précieuses que nous avions en tant qu'Américains", a abondé le juge, insistant sur le fait que ce temps était révolu.

Joseph Biggs a passé plus de deux ans en détention provisoire, dont parfois jusqu'à 22 heures à l'isolement. "Je crois qu'il a reçu le message", a plaidé son avocat, Norman Pattis. "Je sais que j'ai mal agi ce jour-là mais je ne suis pas un terroriste", a assuré à la barre Joseph Biggs, cheveux et barbe gris, en tenue orange de détenu révélant des tatouages sur ses avant-bras, éclatant en sanglots à plusieurs reprises à l'évocation de sa fille et de sa mère.

1100 arrestations depuis l'assaut du Capitole

Dans leurs motivations écrites à l'appui de leurs réquisitions, les procureurs décrivent les accusés comme "des fantassins de la droite qui voulaient maintenir leur dirigeant au pouvoir", en référence à Donald Trump qui prétendait que l'élection lui avait été "volée".

"Biggs s'est comporté comme le fer de lance de l'attaque du 6 janvier", qualifiant dans un podcast au lendemain des événements l'assaut de "coup de semonce" pour les institutions, selon eux.

Depuis l'attaque du 6 janvier 2021, plus de 1100 personnes ont été arrêtées et inculpées. Plus de la moitié ont été condamnées, en majorité à des peines de prison ferme. La plus lourde peine prononcée à ce jour, 18 ans de prison, l'a été à l'encontre du fondateur de la milice d'extrême droite Oath Keepers, Stewart Rhodes.

Dans ses arguments écrits au tribunal en vue des audiences de jeudi, Norman Pattis, qui représente à la fois MM. Biggs et Rehl, souligne que c'est seulement après plus des centaines de "citoyens ordinaires" que "l'ancien président des Etats-Unis a été inculpé pour son rôle dans les événements de ce jour".

Donald Trump a été inculpé en août par un tribunal fédéral à Washington et par la justice de l'Etat de Géorgie (sud-est) pour ses tentatives d'obtenir l'inversion des résultats de l'élection de 2020. "Il apparaît que ceux qui avaient le plus à gagner de la perturbation du comptage des votes le 6 janvier 2021 ont été les derniers à être poursuivis", s'est-il étonné.

H.G. avec AFP