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Amérique du Nord

Etats-Unis: le pays tourné vers l'Alabama pour une élection à risques pour Trump

Roy Moore, le candidat républicain dans l'Alabama, accusé d'attouchements sur mineures.

Roy Moore, le candidat républicain dans l'Alabama, accusé d'attouchements sur mineures. - Jim Watson - AFP

Une élection sénatoriale cruciale se tient ce mardi dans l'Etat de l'Alabama, aux Etats-Unis, où le candidat républicain en lice, un ultra-conservateur, est accusé d'attouchements sur mineures. Ce qui ne l'a pas empêché de recevoir le soutien de Donald Trump.

Ce mardi, les yeux des Américains seront tournés vers l'Alabama. Trois millions d'électeurs de cet Etat du sud des Etats-Unis sont appelés aux urnes pour élire leur second sénateur. Un scrutin incertain qui déchaîne les passions au Congrès, au parti républicain et jusqu'à la Maison Blanche de Donald Trump.

Un candidat sulfureux accusé d'attouchements sur mineures

Toute la course s'est concentrée sur le sulfureux candidat républicain, Roy Moore, ancien juge ultra-conservateur qui veut porter au Sénat des Etats-Unis son activisme religieux mais qui depuis plus d'un mois est accusé d'attouchements sur deux mineures à la fin des années 1970.

Le scandale a mis ce siège à portée de main des démocrates pour la première fois depuis un quart de siècle. Et il a créé un casse-tête inextricable pour le parti au pouvoir. Ses responsables et élus au Congrès ont appelé Roy Moore à se désister après les premières allégations, il y a un mois, en vain... et sont résolus à une sorte de défaite, quel que soit le résultat.

Une élection à risques pour le parti républicain...et pour Trump

Si Roy Moore l'emporte, la marque républicaine risquerait d'être salie par association, alors que les Etats-Unis sont en plein examen de conscience sur le harcèlement sexuel et le respect de la parole des victimes.

Et si le candidat perd, la majorité dans la cruciale chambre haute du Congrès passerait de 52 à 51 sièges sur 100, une marge de manoeuvre réduite à peau de chagrin.

C'est pour conserver ce précieux siège, vacant après la nomination de Jeff Sessions comme ministre de la Justice au début de l'année, que Donald Trump a fini par soutenir Roy Moore. Et ce malgré les conséquences pour les élections législatives de 2018, ou pour l'image d'un parti duquel il sait se dissocier selon les circonstances.

L'ex-conseiller présidentiel Stephen Bannon a jeté son dévolu sur le "juge Moore" au nom de la lutte contre "l'establishment" républicain, qu'il accuse de vouloir freiner la révolution trumpiste. 

Campagne virulente

La campagne, la première pour un siège du Sénat depuis l'élection de Donald Trump, a été d'une virulence mémorable, dans un Etat pourtant habitué aux scandales.

Roy Moore, ostracisé par son propre parti, a emprunté le langage trumpiste en qualifiant de "fake news" les allégations des femmes - un slogan repris avec gourmandise par ses partisans.

Et par-dessus son discours traditionnel hostile à l'avortement, aux homosexuels et aux transgenres, il a repris les grands thèmes présidentiels de l'immigration clandestine et de la défense, se présentant en partenaire fiable du dirigeant. "Nous n'allons pas laisser des gens venus d'ailleurs, ou de l'argent californien, contrôler l'issue de cette élection", a-t-il clamé lundi lors de son dernier meeting. 

Son épouse, Kayla, a défendu son honneur et rejeté les accusations de racisme, de sexisme et d'antisémitisme, soulignant par exemple: "notre avocat est un juif".

Mobilisation intense des démocrates

Les démocrates ont investi considérablement dans la bataille. Grâce à une avalanche de dons, ils ont inondé les antennes de publicités télévisées et dépêché sur place des figures démocrates noires pour mobiliser la minorité noire qui représente environ le quart des électeurs.

Leur candidat, Doug Jones, ancien procureur fédéral de 63 ans, en appelle aussi aux républicains modérés et des classes supérieures qui seraient rebutés par les allégations d'agression sexuelle. "Cette élection est l'une des plus importantes de notre histoire", a-t-il déclaré lundi. "A ce carrefour de l'histoire de l'Alabama, prenons la bonne route", a-t-il dit, une proposition ressemblant à celle d'Hillary Clinton en 2016.

Mais le réflexe partisan est fort dans ce bastion conservateur. Ceux qui auraient pu être tentés de voter Doug Jones butent sur sa position favorable au droit à l'avortement. Des candidats conservateurs tiers pourraient recueillir les voix dissidentes, notamment le colonel à la retraite Lee Busby.

Les bureaux de vote ouvriront de 7 heures à 19 heures locales. Les sondages ont beaucoup varié ces derniers jours, et la participation reste la grande inconnue; le responsable des élections dans l'Alabama, John Merrill, a dit s'attendre à un taux de seulement 25%.

Adrienne Sigel avec AFP