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Amérique du Nord

Affaire russe: l'ancien directeur de campagne de Trump condamné à près de 4 ans de prison

Paul Manafort en juin 2018

Paul Manafort en juin 2018 - BRENDAN SMIALOWSKI / AFP

L'ex-lobbyiste écope d'une peine nettement inférieure aux recommandations du ministère de la Justice, qui avaient suggéré d'imposer entre 19 et 24 ans de prison.

L'ancien directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, a été condamné jeudi à près de quatre ans de prison pour des fraudes fiscale et bancaire débusquées dans le cadre de la tentaculaire enquête russe.

Ainsi l'ex-lobbyiste de 69 ans écope d'une peine nettement inférieure aux recommandations du ministère de la Justice, qui avaient suggéré d'imposer entre 19 et 24 ans de prison.

Jurisprudence "remarquablement légère"

Paul Manafort a "commis des délits graves", a déclaré le juge T.S. Ellis, qui a fixé la sentence de 47 mois dans un tribunal fédéral d'Alexandria (Virginie), en banlieue de Washington. 

Prenant en compte la jurisprudence "remarquablement légère" dans les affaires de fraude fiscale, le magistrat a justifié son apparente clémence par son désir "d'éviter des disparités" avec d'autres dossiers similaires.

"Ce que vous avez vu aujourd'hui confirme ce que nous disons depuis le premier jour: il n'y a absolument aucune preuve d'une collusion entre Paul Manafort et le gouvernement russe", a déclaré à la sortie du tribunal Kevin Downing, l'avocat du condamné.

Seconde peine mercredi

L'équipe du procureur spécial Robert Mueller, en charge d'établir s'il y eu collusion entre Moscou et l'équipe de campagne de Donald Trump lors de la présidentielle de 2016, n'a pas commenté une décision qui va largement en deçà de ses préconisations. 

Il avait demandé une peine significative en relevant que Paul Manafort avait "tenté de reporter sa faute sur les autres", n'avait pas exprimé de remords et avait continué à mentir. 

Même s'il s'en sort relativement bien, Paul Manafort n'en a pas fini avec la justice: poursuivi devant un tribunal de Washington dans un dossier parallèle, il sera fixé mercredi sur sa seconde peine.

Goûts de luxe

Le procureur Mueller s'est naturellement intéressé à Paul Manafort, qui a dirigé pendant deux mois la campagne du candidat républicain, mais a aussi, au cours de sa carrière, entretenu des relations d'affaires avec des Ukrainiens proches de Moscou.

Dans le cadre de son enquête, l'ancien chef du FBI a découvert que Paul Manafort avait, avant 2016, dissimulé au fisc plus de 55 millions de dollars sur une trentaine de comptes à l'étranger. Il a également établi que le consultant avait trompé des banques sur ses finances pour obtenir des prêts. Ce sont ces fraudes qui ont été jugées cet été, à Alexandria, devant un jury populaire qui avait reconnu l'intéressé coupable de huit chefs d'inculpation.

Les audiences, arides, avaient été pimentées par les révélations sur les goûts de luxe de l'ancien lobbyiste - il a un jour déboursé 15.000 dollars pour une veste en peau d'autruche et fait tailler un bosquet en forme de son initiale "M".

"Ma vie est en ruines"

Jeudi, l'homme de réseau n'était plus que l'ombre de lui-même. Affaibli par la goutte et la détention, il est apparu en fauteuil roulant et tenue verte de prisonnier, incapable de se lever devant le juge.

"Ma vie professionnelle et financière est en ruines. Je ressens de la peine et de la honte", a-t-il déclaré, en expliquant avoir eu "le temps de réfléchir" depuis son arrestation. "Je sais que c'est ma conduite qui m'a mené ici", a-t-il ajouté, sans aller jusqu'à s'excuser.

Jules Pecnard avec AFP