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Colombie

Colombie: la droite opposée à l'accord de paix avec les ex-Farc remporte les législatives

La droite est arrivée en tête des législatives de Colombie le 11 mars 2018

La droite est arrivée en tête des législatives de Colombie le 11 mars 2018 - JOAQUIN SARMIENTO / AFP

La droite est arrivée en tête des législatives, sans majorité. Cette victoire suscite l'incertitude quant à la suite de la mise en oeuvre de l'accord de paix avec les ex-Farc.

La droite opposée à l'accord de paix avec l'ex-guérilla Farc est arrivée en tête des législatives de dimanche en Colombie, lors d'un scrutin historique auquel les anciens rebelles ont participé pour la première fois et à l'issue duquel ils ont fait leur entrée au Parlement.

Bien qu'elle n'ait pas réussi à rafler la majorité, la victoire de la droite suscite l'incertitude quant à la suite de la mise en oeuvre de l'accord, signé en 2016 avec ce qui était alors la rébellion la plus ancienne et la plus puissante d'Amérique.

Pour la première fois en plus d'un demi-siècle de conflit armé, les Colombiens ont pu cependant voter sans la menace des guérillas. Le président Juan Manuel Santos a salué "les élections les plus sûres, les plus transparentes (...) de l'histoire récente du pays".

"Les lignes ont très peu bougé"

En tête de la coalition de droite, c'est le Centre démocratique du sénateur et ex-président Alvaro Uribe, farouche adversaire de l'accord avec les Farc, qui a recueilli le plus de voix, obtenant 19 sièges au Sénat et 33 à la chambre des députés.

Selon les analystes les grands équilibres se maintiennent. "Les lignes ont très peu bougé (...) Ce sont plutôt des ajustements", a déclaré à l'AFP Frédéric Massé, expert en conflit armé et processus de paix à l'université Externado.

Les ex-rebelles, qui ont quitté la lutte armée dans la jungle des Andes pour l'arène politique, étaient visiblement émus dimanche. 

"C'est la première fois, en plus d'un demi-siècle, que les Farc, au lieu de saboter les élections, y participent", s'est félicité Juan Manuel Santos, ajoutant que l'Armée de libération nationale (ELN, guévariste), dernière guérilla active, avait "respecté" le cessez-le-feu unilatéral annoncé pour l'occasion.

Mise en oeuvre du pacte de paix

Plus de 36 millions d'électeurs étaient appelés à voter, à l'issue d'une campagne marquée par des violences contre la Farc, qui a annulé tout meeting public et a attribué ces "actes de sabotage" à "ceux qui n'ont pu accepter que la guerre est terminée".

Et le nouveau parti à la rose rouge s'est retiré de la course à la présidence: son chef et candidat Rodrigo Londoño, alias Timochenko, 59 ans, a subi un pontage coronarien mercredi après un infarctus. Il a annoncé dimanche sur Twitter qu'il était sorti de la clinique pour se reposer dans un lieu non précisé.

La droite devrait maintenant peser sur la présidentielle, prévue les 27 mai et 17 juin. Elle pourra toutefois difficilement jeter aux orties l'accord de paix qui a polarisé la quatrième économie d'Amérique latine, mais dont le point majeur, le désarmement des 7.000 guérilleros des Farc, est effectif.

Mais, avec des alliances au Congrès, elle sera en mesure de bloquer la mise en oeuvre du reste du pacte, dont la réforme agraire et la justice spéciale de paix. Les ex-rebelles doivent avouer leurs crimes, dédommager les victimes et pourront bénéficier de peines alternatives à la prison, ce qu'elle rejette.

C. P. avec AFP