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Brésil

Présidentielle au Brésil: le candidat d'extrême droite largement en tête au 1er tour

Sans surprise, le candidat d'extrême droite Jair Bolsonaro est arrivé loin en tête du premier tour de l'élection présidentielle brésilienne, dimanche. Il devra toutefois affronter le candidat de la gauche, Fernando Haddad, lors du second tour qui se tiendra dans trois semaines.

La tendance annoncée dans les sondages s'est confirmée dans les urnes. Dimanche, le candidat d'extrême droite Jair Bolsonaro s'est qualifié largement et sans difficulté pour le deuxième tour de l'élection présidentielle brésilienne, qui se tiendra le 28 octobre prochain.

Le candidat de 63 ans, qui a obtenu 46,06% des voix, affrontera son adversaire de gauche Fernando Haddad, qui a lui totalisé 29,24% des voix, ces résultats portant sur 99,99% des urnes dépouillées.

Déception dans le camp Bolsonaro

Mais malgré cette large qualification, le camp Bolsonaro n'a pas caché sa déception, alors que ses partisans étaient persuadés d'une victoire dès le premier tour. Jair Bolsonaro a pointé du doigt des "problèmes avec les urnes électroniques".

"Je suis certain que si ça n'avait pas eu lieu, nous aurions eu dès ce soir le nom du président de la République", a lancé le candidat de 63 ans dans une vidéo sur Facebook. Nous ne pouvons pas rester sans rien dire. Nous allons réclamer au Tribunal supérieur électoral (TSE) des solutions", a-t-il ajouté.

Si ses partisans ont protesté devant le TSE à Brasilia aux cris de "fraude, fraude!", l'ex-capitaine de l'armée n'est pas allé jusque-là. "Nous devons rester mobilisés. Il reste trois semaines avant le second tour", a-t-il dit.

Soulagement à gauche

En revanche, l'heure était au soulagement du côté de la gauche avec la qualification au deuxième tour du candidat du Parti des travailleurs, Fernando Haddad. Ce dernier était parti de rien, puisqu'il n'a commencé à faire campagne que quatre semaines avant le scrutin, l'ex-président Lula, emprisonné pour corruption et inéligible, ne s'étant désisté qu'au dernier moment.

"Nous voulons unir les démocrates de ce pays", a déclaré Fernando Haddad à l'issue du premier tour. "Nous voulons un grand projet pour le Brésil, profondément démocratique, qui recherche inlassablement la justice sociale".

Un duel incertain

Même si les experts s'entendent pour dire qu'une victoire du candidat d'extrême droite s'avère plausible, le duel Bolsonaro-Haddad s'annonce très incertain. Bien des choses peuvent en effet se passer d'ici au 28 octobre, dans une campagne qui a déjà réservé d'énormes surprises entre la disqualification de l'ex-président Lula emprisonné pour corruption et l'attentat qui a failli coûter la vie à Jair Bolsonaro le 6 septembre.

C'est un Brésil très divisé qui est allé dimanche aux urnes, entre les électeurs anxieux pour l'avenir de la démocratie dans ce pays qui a connu une dictature (1964-85) dont Jair Bolsonaro est un nostalgique et ceux qui rejettent de manière viscérale tout retour aux affaires du Parti des travailleurs (PT). 

Le grand parti de gauche qui a remporté les quatre dernières élections et a été au pouvoir 13 ans est jugé par beaucoup comme le responsable des maux multiples de ce pays déboussolé: chômage, crise économique, corruption et insécurité. L'ancienne présidente Dilma Rousseff a fait les frais du virulent sentiment anti-PT, en échouant dimanche à être élu sénatrice dans l'Etat de Minas Gerais alors qu'elle était favorite. Elle a aussi été copieusement huée en allant voter.

Pour de nombreux électeurs, Bolsonaro est apparu comme l'homme providentiel, avec son discours sécuritaire qui préconise la libéralisation du port d'armes, sa défense des valeurs traditionnelles et son désir de "nettoyer le pays des élites corrompues".

Adrienne Sigel avec AFP