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Jair Bolsonaro investi président, le Brésil bascule dans l'inconnu

Le nouveau président brésilien d'extrême-droite a pris ses fonctions ce mardi 1er janvier. Jair Bolsonaro n'a pas déçu les attentes de ses électeurs lors de son investiture, s'affichant contre le "politiquement correct", "l'idéologie de gauche" et promettant de "rétablir l'ordre".

Une nouvelle ère s'ouvre ce mardi au Brésil, jour de l'investiture en grande pompe du président d'extrême droite Jair Bolsonaro, qui a suscité énormément d'attentes avec ses promesses de rupture de l'ordre établi, mais aussi de nombreuses inquiétudes.

Lors de son discours d'investiture, il a appelé à un "pacte national" pour "libérer définitivement" le Brésil "du joug de la corruption, de la criminalité, de l'irresponsabilité économique et du carcan idéologique". "Aujourd'hui est un jour où le peuple commence à se libérer du socialisme et du politiquement correct", a-t-il ajouté.

"J'appelle chacun des membres du Congrès à une mission de restauration et de redressement de notre patrie, a-t-il affirmé. "Nous avons une opportunité unique de reconstruire notre pays et de regagner la confiance de nos compatriotes".

Ancien parachutiste et député au style iconoclaste, Jair Bolsonaro, 63 ans, s'est fait élire avec 55% des suffrages le 28 octobre, en promettant une lutte sans merci contre la corruption et la criminalité. Il s'est également engagé à gouverner "pour tous les Brésiliens", malgré ses nombreux dérapages racistes, machistes ou homophobes et son admiration affichée de la dictature militaire qui lui ont aliéné des millions de compatriotes.

Les canons à eaux arrosent la foule qui attend l'investiture de Jair Bolsonaro ce mardi à Brasilia au Brésil.
Les canons à eaux arrosent la foule qui attend l'investiture de Jair Bolsonaro ce mardi à Brasilia au Brésil. © EVARISTO SA / AFP

Lors de son discours, Jair Bolsonaro a également réitéré la nécessité de "créer un cercle vertueux pour l'économie, donnant la confiance nécessaire pour ouvrir nos marchés au commerce international, en stimulant la concurrence, la productivité et l'efficacité, sans orientation idéologique".

Sans surprise, il s'est une nouvelle fois montré résolument conservateur sur les questions de société, promettant de "respecter les religions et les traditions judéo-chrétiennes", tout en "luttant contre l'idéologie de genre". Il a également réitéré son intention de libéraliser le port d'armes, affirmant que "les gens bien méritent d'avoir les moyens de se défendre", et proclamant le "droit à la légitime défense".

Rencontre prévue entre Netanyahu et Pompeo

L'un des invités de marque à Brasilia est le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Ce dernier a révélé dimanche à Rio que Jair Bolsonaro lui avait confirmé qu'il transfèrerait bien, tôt ou tard, l'ambassade brésilienne de Tel-Aviv à Jérusalem, suivant les pas du président des Etats-Unis Donald Trump. Mardi, Benyamin Netanyahu doit également rencontrer le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, qui représentera Donald Trump lors de l'investiture.

Lundi soir, Jair Bolsonaro a déclaré lors d'un entretien à la chaîne Record TV qu'il allait "mettre en place une politique totalement différente de ce qui a amené le Brésil à la corruption et à l'inefficacité". Il a aussi affirmé que ses premières mesures viseraient à "débureaucratiser au maximum" et à "retirer tout le poids de l'Etat qui pèse sur ceux qui produisent".

Samedi, il avait déjà annoncé sur Twitter son intention d'autoriser par décret la détention d'armes pour toute personne au casier judiciaire vierge, assouplissant considérablement la législation actuelle. Sont également attendues dès les premiers jours de son mandat des mesures fortes sur le plan économique, son gourou ultra-libéral Paulo Guedes préconisant notamment un vaste plan de privatisations.

Jeanne Bulant avec AFP