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Brésil: les manifestants marquent des buts mais ne lâchent rien

Des manifestants à Fortaleza

Des manifestants à Fortaleza - -

En marge du match de football Brésil-Mexique, des heurts violents ont opposé mercredi manifestants et policiers à Fortaleza. A Sao Paulo et Rio de Janeiro, le gouvernement a cédé sous la pression.

Jets de pierre contre gaz lacrymogènes : les affrontements se poursuivaient mercredi soir à Fortaleza, dans l'est du pays, après la victoire du Brésil (2-0) à ce match de la Coupe des Confédérations. Quelque 25.000 protestataires s'étaient massés dès le matin aux abords du stade Castelao protégé par un impressionnant dispositif de sécurité.

Impuissant à désamorcer le plus vaste mouvement social en 20 ans au Brésil, le gouvernement avait annoncé le matin même l'envoi en renfort de troupes d'élite de la police pour protéger les six villes hôtes de la compétition: Rio, Recife, Fortaleza, Belo Horizonte, Salvado de Bahia et Sao Paulo.

Les tarifs des transports réduits

Cédant à la pression populaire, les mairies de Sao Paulo et Rio de Janeiro se sont résolues à baisser le tarif des transports en commun, comme d'autres ville avant elles mardi. "Nous allons suspendre l'augmentation et revenir au prix d'avant" des tickets du métro, de train et d'autobus, a annoncé le gouverneur de l'Etat de Sao Paulo, Geraldo Alckmin.

"La réduction est une façon de montrer le respect aux personnes qui sont descendues dans les rues pour protester (...). Mais je ne cautionnerai jamais ceux qui pratiquent des actes de vandalisme", a commenté le maire de Rio, Eduardo Paes.

Nouvelles manifestations jeudi

Ces annonces sont intervenues avant une journée sensible. Jeudi, des manifestations sont convoquées partout dans le pays, notamment à Rio de Janeiro, théâtre lundi soir de scènes de furie destructrice en marge du match Espagne-Tahiti au stade Maracana.

Le mouvement social actuel, d'abord très limité, avait commencé il y a une dizaine de jours à Sao Paulo à cause de l'augmentation des tarifs des transports. Les protestataires, surtout des jeunes de la classe moyenne rejetant classe politique et médias traditionnels, qui se mobilisent via les réseaux sociaux, stigmatisent désormais plus largement la précarité des services publics de base au regard des milliards dépensés pour l'organisation du Mondial-2014.

"Un cirque"

"Nous protestons car l'argent investi dans les stades devrait l'être dans l'éducation et dans la santé. Ils ont monté un cirque aux yeux du monde", déclarait un manifestant de Fortaleza, Matheus Dantas, 18 ans, à propos de la Coupe des Confédérations et du Mondial.

A l'intérieur du stade, violant les consignes de la Fifa, certains spectateurs ont brandi des pancartes de soutien aux manifestants où l'on pouvait lire "Mon Brésil est dans les rues. Le géant s'est réveillé".

Neymar tacle le gouvernement

L'attaquant vedette de la Seleçao brésilienne Neymar, transféré à prix d'or au FC-Barcelone et lui-même ciblé par certains protestataires, s'est solidarisé mercredi du mouvement après trois de ses coéquipiers mardi, en critiquant l'action du gouvernement.

"Je suis triste de tout ce qui se passe actuellement au Brésil. J'ai toujours pensé qu'il ne devrait pas être nécessaire de descendre dans la rue pour réclamer de meilleures conditions de transports, de santé, d'éducation et de sécurité. Tout ça, c'est le DEVOIR du gouvernement", a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.

La présidente "à l'écoute"

Des manifestants ont recommencé à bloquer aussi mercredi des avenues à Sao Paulo, au lendemain d'une manifestation de 50.000 personnes où une minorité s'est livrée à des violences et des actes de vandalisme. D'autres manifestations avaient lieu mercredi à Belo Horizonte, Rio Branco en Amazonie, Brasilia et Niteroi, près de Rio de Janeiro.

La présidente Dilma Rousseff s'était déclarée mardi "à l'écoute" des revendications légitimes des manifestants, sans avancer de proposition concrète pour régler un conflit qui ne semble pas prêt de s'essouffler. Sa cote de popularité a chuté de huit points de mars à juin, mais reste très élevée, à 71%, selon un sondage réalisé avant la fronde sociale, confirmant une première enquête d'opinion antérieure publiée il y a quelques jours.

Sipa Media avec AFP