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Brésil: des dizaines de milliers de manifestants contre Dilma Rousseff

Les manifestants défilent sur la célèbre plage de Copacabana, à Rio de Janeiro, dimanche 15 mars.

Les manifestants défilent sur la célèbre plage de Copacabana, à Rio de Janeiro, dimanche 15 mars. - Yasuyoshi Chiba - AFP

Des dizaines de milliers de Brésiliens ont manifesté dimanche dans les principales villes du pays pour réclamer le départ de la présidente de gauche Dilma Rousseff, cible d'une grogne montante en raison de la crise économique et du scandale de corruption Petrobras qui ébranle sa majorité.

Nouvelles manifestations monstres au Brésil. Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dimanche pour réclamer le départ de la présidente de gauche Dilma Rousseff, cible d'une grogne montante en raison de la crise économique et du scandale de corruption Petrobras qui ébranle sa majorité. Bien que de nature différente et de moindre ampleur, il s'agissait des plus importantes manifestations enregistrées dans le géant d'Amérique latine depuis celles de la fronde sociale historique de juin 2013.

Dizaines de milliers de manifestants

Selon des estimations de la police militaire, les cortèges, convoqués sur les réseaux sociaux, ont notamment rassemblé 45.000 personnes dans la capitale Brasilia, 24.000 à Belo Horizonte (sud-est), 15.000 à Rio de Janeiro. Une importante manifestation était sur le point de débuter à Sao Paulo (sud-est), capitale économique du géant d'Amérique latine et fief d'une opposition qui a mal digéré sa courte défaite à la présidentielle de l'automne dernier, au terme d'une campagne rugueuse. Des marches de moindre ampleur ont été enregistrées dans le nord et le nord-est, à Salvador de Bahia, Recife ou Belem, villes traditionnellement acquises au Parti des travailleurs (PT) au pouvoir.

Vêtus de jaune, vert ou bleu, les couleurs du drapeau brésilien, de nombreux manifestants réclamaient une procédure de destitution de Dilma Rousseff, qui a entamé son second mandat il y a à peine trois mois. Certains réclamaient même une intervention militaire pour mettre fin à 12 ans de pouvoir du PT, le jour même où le pays commémorait le 30e anniversaire de retour de la démocratie au Brésil, après une longue dictature militaire entamée en 1964.

"Dehors Dilma!"

A Rio, environ 15.000 manifestants ont envahi l'avenue longeant la célèbre plage de Copacabana aux cris de "Dehors Dilma! Dehors le PT", entonnant régulièrement l'hymne national, comme dans les autres grandes villes du pays. Rita Souza, une productrice de télévision âgée de 50 ans, arborait une pancarte réclamant une "Intervention militaire maintenant". "Je ne demande pas un coup d'Etat, mais une intervention constitutionnelle pour appeler à de nouvelles élections propres, sans urnes électroniques, sans manipulation du PT. Qu'ils s'en aillent tous à Cuba", a déclaré cette manifestante.

"Je soutiens le départ de Dilma. Les plus grands scandales de corruption ont eu lieu sous son gouvernement et elle n'a rien dit", affirmait pour sa part, à Brasilia, Alesandro Braga, un entrepreneur du bâtiment de 37 ans qui manifestait sur l'Esplanade des ministères avec son épouse et leur fils en poussette.

La popularité de Dilma Rousseff a chuté de 19 points en février, à seulement 23%, alors que les nuages s'accumulent sur tous les fronts pour la présidente. La septième puissance économique mondiale est au bord de la récession. L'inflation continue de grimper (7,7% sur 12 mois), les déficits publics se sont creusés et le réal s'est déprécié de 30% en 12 mois face au dollar. Revenant sur ses engagements électoraux, la présidente s'est résolue à mettre en place un ajustement budgétaire douloureux, critiqué par une partie de son propre camp politique.

A ce contexte dégradé s'ajoute la vive tension générée par les ramifications politiques du vaste scandale de corruption qui ébranle le géant pétrolier étatique Petrobras et les principales entreprises de construction du pays. Des dizaines de politiciens appartenant majoritairement à la coalition au pouvoir, dont 22 députés, 13 sénateurs et deux gouverneurs, sont soupçonnés par la justice d'avoir perçu des pots de vins de la compagnie pétrolière.

La droite brésilienne particulièrement mobilisée

Dilma Rousseff a défendu le droit à manifester dans une vidéo postée sur Facebook. La présidente avait souligné il y a quelques jours qu'il n'était pas possible d'organiser un troisième tour électoral dans la rue, qui supposerait une "rupture démocratique".

La gauche brésilienne accuse l'opposition de velléités "putschistes". Elle s'était mobilisée vendredi à l'appel de syndicats et d'organisations proches du PT en organisant des manifestations pour défendre la présidente, Petrobras et la démocratie qui avaient mobilisé 175.000 personnes selon les organisateurs et 33.000 selon la police.

En juin 2013, un an avant le Mondial de football et en pleine coupe des Confédérations, le Brésil avait été secoué par une fronde sociale historique contre la corruption, la facture publique des grands événements sportifs - le Mondial notamment - et l'indigence des services publics. Lancé sur les réseaux sociaux par des jeunes des classes moyennes, ce mouvement anti-système visant l'ensemble de la classe politique était de nature différente des manifestations de dimanche qui, bien qu'officiellement apolitiques, ont mobilisé principalement la droite brésilienne.

V.R. avec AFP