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Allemagne: ce que disent les responsables de l'AfD

Jorg Meuthen et Frauke Petry

Jorg Meuthen et Frauke Petry - Odd ANDERSEN / AFP

Ce dimanche, au terme des législatives allemandes, l'"Alternative pour l'Allemagne" (AfD) a décroché 94 des 709 sièges du Bundestag,la chambre basse du Parlement allemand. Mais le parti d'extrême-droite est profondément divisé, comme le montre le refus de Frauke Petry, qui l'a dirigé, de siéger au sein du groupe parlementaire de sa formation.

Pour un parti qui se veut à contre-courant, l'AfD a une fâcheuse tendance à les multiplier. Si l'"Alternative pour l'Allemagne" (AfD) a fait sensation ce dimanche en remportant 94 sièges sur 709 au Bundestag, l'une des deux chambres du Parlement allemand, lors des législatives, les dissensions qui le parcourent en interne se sont étalées sur la place publique dès ce lundi. Lors d'un point-presse, Frauke Petry, co-présidente de l'AfD, a ainsi annoncé devant la presse son refus de siéger dans le groupe parlementaire des autres députés de l'AfD. 

"A sa création en 2013, l’AfD avait clairement l’ambition, et c’est resté le cas jusqu’en 2015, d’exercer rapidement des responsabilités gouvernementales. C’est toujours mon objectif. L’AfD dans sa forme actuelle, si elle peut réussir dans l’opposition, ne peut pas faire aux électeurs d’offre crédible pour une prise du gouvernement. J’ai donc décidé après mûres réflexions de ne pas siéger au sein de ce groupe parlementaire", a-t-elle dit avant de quitter la salle. 

Ce mardi, Marcus Pretzell, dirigeant du parti pour le land de Rhénanie du Nord-Westphalie, lui a emboîté le pas. Il a expliqué, comme le relève ici le site d'Europe 1, que son "évaluation sur l'évolution de l'AfD" n'était "pas vraiment optimiste". il faut noter qu'il est le mari de Frauke Petry. 

Des formules dérangeantes 

C'est en 2015 que Frauke Petry et ses partisans ont réorienté ce mouvement fondé en 2013 sur des bases eurosceptiques et d'opposition aux plans d'aide à destination de pays membres de l'Union européenne en difficultés budgétaires, comme la Grèce, vers des positions nettement antimigrants et islamophobes alors que l'Allemagne accueillait alors des réfugiés en nombre. Parmi les griefs de Frauke Petry ayant précédé immédiatement sa fracassante allocution, on trouve la formule d'Alexander Gauland, porte-parole de l'AfD, qui s'est proposé dimanche soir de "pourchasser Merkel et son gouvernement". Au début du mois lors d'un meeting, il avait aussi estimé: "Nous avons le droit d’être fiers des performances des soldats allemands durant la Seconde Guerre mondiale."

Il n'est pas le seul à avoir adopté une rhétorique pour le moins troublante quant au conflit mondial et au souvenir de l'ère hitlérienne, relève ainsi Libération qui a cartographié les lignes au sein de l'AfD dans cet article. En janvier à Dresde, Bjorn Höcke, un ancien professeur d'Histoire au lycée, a jeté, évoquant le Mémorial de l'Holocauste: "Nous sommes, les Allemands, le seul peuple à avoir implanté un mémorial de la honte au cœur de sa capitale." Toujours en janvier, il appelait ses compatriotes à "pratiquer un virage à 180 degrés de sa mémoire". Dans le parti, Frauke Petry avait voulu sa tête, sans jusqu'ici obtenir gain de cause. 

Aristocrate et identitaire

La très aristocrate députée européenne de l'AfD, Beatrix Von Storch, s'est aussi signalée par des propos très virulents, signale également Libération. Cette avocate, opposée sur le plan sociétal à la contraception et à l'interruption volontaire de grossesse, n'avait pas décoléré après la défaite des Allemands en demi-finale de l'Euro 2016 de football face à nos Bleus. "Peut-être que la prochaine fois, on devrait faire jouer l’ÉQUIPE NATIONALE allemande", avait-elle osé sur Twitter. Son passé familial a par ailleurs la particularité de faire d'elle la petite-fille du ministre des Finances d'Adolf Hitler, Lutz Schwerin von Krosigk

Ces derniers mois, une frange identitaire a donc prospéré dans ce parti nationaliste dont le comportement au Bundestag sera à l'évidence scruté par les observateurs. 

Robin Verner