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Un an après, que sont devenues les lycéennes enlevées par Boko Haram?

Quelques-unes des 57 lycéennes capturées par Boko Haram et ayant réussi à s'enfuir, photographiées le 2 juin 2014.

Quelques-unes des 57 lycéennes capturées par Boko Haram et ayant réussi à s'enfuir, photographiées le 2 juin 2014. - AFP

C'était le 14 avril 2014. Le groupe islamiste Boko Haram capturait 276 lycéennes nigérianes dans le nord-est du pays. Un an plus tard, alors que la mobilisation internationale est clairement retombée, 219 d'entre elles sont toujours portées disparues et le nouveau président a concédé mardi qu'il ne pouvait "pas promettre" de les retrouver. Qu'a-t-il pu leur arriver?

Un an, et des questions. Ce mardi 14 avril marque le triste premier anniversaire de l'enlèvement de 276 jeunes lycéennes nigérianes par le groupe islamiste Boko Haram, à Chibok, dans le nord-est du Nigeria. Kidnappées dans leurs dortoirs, les jeunes filles, âgées de 12 à 17 ans, avaient été emmenées de force dans la forêt de Sambisa, connue pour être l'un des fiefs du groupe armé. Si 57 d'entre elles étaient parvenues à s'enfuir, 219 adolescentes sont toujours portées disparues. Contrairement à son prédécesseur Goodluck Jonathan, le président nigérian nouvellement élu Muhammadu Buhari, a reconnu ce mardi qu'il ne peut "promettre" de retrouver les jeunes filles enlevées. "Nous ne savons pas si les filles de Chibok peuvent être secourues. Leur localisation reste inconnue. J'aimerais beaucoup pouvoir le faire, mais je ne peux pas promettre de les retrouver", a-t-il admis.

Il y a un an, cet enlèvement massif avait suscité l'effroi du monde entier, et entraîné une large mobilisation sur les réseaux sociaux, sous le hashtag #BringBackOurGirls ("Rendez-nous nos filles"). Des personnalités du monde entier, parmi lesquelles Michelle Obama ou la jeune Pakistanaise Malala, prix Nobel de la paix, s'étaient alors affichées avec le fameux message. Depuis, l'élan est retombé, et le sort des Nigérianes lui, reste inconnu. Qu'ont-elles pu devenir? BFMTV.com fait le point sur les hypothèses possibles.

> Mariées de force et converties à l'islam

C'est le seul sort réservé aux jeunes filles dont on ait une relative certitude. Fin octobre, six mois après les enlèvements, Boko Haram avait diffusé une vidéo dans laquelle le chef du groupe, Abubakar Shekau, affirmait avoir marié de force les 219 adolescentes avec des combattants de Boko Haram, précisant qu'elles avaient également été converties à l'islam. "Vous ne savez pas que les plus de 200 lycéennes de Chibok ont été converties à l'islam? Elles ont mémorisé deux chapitres du Coran. Nous les avons toutes mariées, elles se trouvent dans leurs foyers conjugaux", avait ainsi lancé Shekau dans cet enregistrement à destination des Occidentaux.

Peu après le rapt, le chef de Boko Haram avait en effet annoncé son intention de les marier de force. Une hypothèse confirmée par certaines ONG présentes sur place. Il y a un an, l'ONG Forum Populaire Borno-Yobe avait ainsi affirmé qu'une partie des filles avaient été mariées de force à certains de leurs ravisseurs, pour la somme de douze dollars.

La conversion forcée des lycéennes semble, elle, remonter au moment de leur enlèvement puisque dans une vidéo diffusée le 12 mai 2014, des jeunes femmes étaient filmées en train de participer, entièrement voilées, à une prière collective. Interrogées, deux d'entre elles avaient affirmé être des chrétiennes converties à l'islam.

> Vendues comme esclaves?

C'était l'une des premières menaces brandies par Abubakar Shekau au moment du rapt. "J'ai enlevé vos filles et je vais les vendre sur le marché, au nom d'Allah", avait-il assuré. De nombreuses rumeurs avaient circulé peu après l'enlèvement, affirmant que les adolescentes avaient été transférées dans les pays voisins du Tchad et du Cameroun, pour être vendues dix dollars.

Toutefois, des spécialistes interrogés par BFMTV.com après l'enlèvement s'étaient montrés sceptiques face à cette hypothèse et quant à l'existence de "marchés humains" dans la région.

> Utilisées comme des bombes humaines?

Les lycéennes ont-elles été utilisées comme des moyens de faire exploser des bombes dans le nord-est du Nigeria? Alors que Boko Haram a fait des femmes-kamikazes l'une de ses nouvelles méthodes de terreur, la question mérite d'être posée. Depuis plusieurs mois, le groupe islamiste a en effet recours à des femmes dissimulant des explosifs sous leur hijab, pour perpétrer des attentats très meurtriers, notamment sur les marchés. Régulièrement, des femmes se font ainsi exploser au milieu de la foule, pour tuer le maximum de personnes.

A Kano, la plus importante ville du nord du Nigeria, la pratique a fini par créer la psychose, et de nombreuses jeunes musulmanes ont préféré abandonner leur voile traditionnel pour ne plus être regardées comme de potentielles kamikazes. Dès lors, il est possible d'imaginer que les lycéennes de Chibok aient été forcées à se faire exploser.

> Toutes assassinées?

Cette autre hypothèse, la plus récente, est venue d'un haut responsable de l'ONU. La semaine dernière, le directeur du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), Raad Zeid al-Hussein, s'est en effet déclaré très pessimiste quant au sort des 219 adolescentes, se disant convaincu qu'elles ont été tuées dans la ville de Bama, l'une des villes où le groupe islamiste a commis des massacres avant sa reprise par l'armée nigériane.

De nombreux corps de femmes ont en effet été retrouvés dans cette localité, ainsi que dans d'autres villes de l'Etat de Borno, l'Etat où a eu lieu le rapt, dans le nord-est du Nigeria, selon des rapports de l'ONU. D'après ces documents, ces meurtres ont été perpétrés par Boko Haram.