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Tunisie

Tunisie: Mohamed Brahmi tué par un salafiste radical selon les autorités

Le ministre tunisien de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou a accusé vendredi un salafiste radical d'être impliqué dans l'assassinat de Mohamed Brahmi et dans celui de Chokri Belaïd.

Le ministre tunisien de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou a accusé vendredi un salafiste radical d'être impliqué dans l'assassinat de Mohamed Brahmi et dans celui de Chokri Belaïd. - -

Le ministre tunisien de l'Intérieur accuse le salafiste Boubaker Hakim d'être à l'origine du meurtre de Mohamed Brahmi. Et lui impute celui de Chokri Belaïd, tué il y a six mois.

Depuis l'assassinat jeudi de la figure de la gauche laïque Mohamed Brahmi, le parti au pouvoir Ennahda, clame son innocence. Le ministre tunisien de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou a accusé vendredi un salafiste radical d'être l'auteur du meurtre du député d'opposition et dans celui de l'opposant Chokri Belaïd il y a près de six mois.

Les autorités ont annoncé dans la foulée qu'elles recherchaient activement le suspect numéro un, et ont publié une liste de 14 personnes -des extrémistes radicaux, certains appartenant à Ansar Ashariaa, principale organisation salafiste en Tunisie-, impliquées dans les deux meurtres.

Quatre ont été arrêtées, huit sont en fuite, dont Boubaker Hakim, présenté comme le principal suspect, et deux sont en liberté conditionnelle, selon le ministre de l'Intérieur.

La "même arme" pour les deux crimes

Le gouvernement a nommément désigné un salafiste estimant qu'il était impliqué dans l'assassinat et ajouté que la même arme avait servi pour le meurtre en février d'un autre opposant de gauche, Chokri Belaïd.

"Les premiers éléments de l'enquête ont montré l'implication de Boubaker Hakim, un élément salafiste extrémiste", déclare-t-il lors d'une conférence de presse.

"L'arme utilisée pour abattre Mohamed Brahmi est la même qui a servi à tuer Chokri Belaïd", révèle le ministre. L'autopsie a montré que l'opposant, tué devant son domicile, avait été atteint par 14 balles de 9 millimètres, a indiqué le bureau de Procureur de la République.

Boubaker Hakim, 30 ans, est "un élément terroriste parmi les plus dangereux, objet de recherches au niveau international", a-t-il ajouté.

Natif de Paris, il était déjà recherché en Tunisie pour détention et trafic d'armes, a ajouté le ministre, précisant qu'il avait échappé récemment à la police et que de nombreuses armes avaient été retrouvées à son domicile.

Des risques de déstabilisation

Des centaines de Tunisiens ont manifesté dans Tunis pour réclamer la chute du gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda qu'ils désignent comme responsables de la mort de cette figure de l'opposition nationaliste de gauche.

Le chef de Nidaa Tounes, le principal parti d'opposition tunisien, a imputé au gouvernement la responsabilité de l'assassinat de Mohamed Brahmi, estimant que "si ce gouvernement avait dévoilé l'identité des commanditaires et des tueurs de Chokri Belaïd, nous n'en serions pas là".

"Il n'y a pas eu de sérieuses poursuites judiciaires, cela a encouragé les criminels à récidiver", déclare Béji Caid Essebsi. Le meurtre de Chokri Bélaïd avait plongé le pays dans sa plus grave crise politique depuis le soulèvement de 2011.

La presse tunisienne mettait l'accent sur les risques de destablisation du pays après le meurtre de Mohamed Brahmi, qui doit être enterré samedi à Tunis.

Demande de dissolution de l'Assemblée constituante

Le parti de Kamed Morjane, ancien ministre du président tunisien déchu Ben Ali, a annoncé vendredi le retrait de ses députés de l'Assemblée nationale constituante (ANC) et appelé à sa dissolution ainsi qu'au départ du gouvernement dirigé par les islamistes.

"Après l'assassinat du député Mohamed Brahmi, le bureau politique d'Al Moubarada (L'initiative) a décidé de retirer les cinq représentants du parti de la Constituante", a annoncé à la radio Samira Chaouachi, membre du bureau politique.

"Dans les circonstances actuelles nous nous refusons de siéger dans cette assemblée et demandons sa dissolution, a-t-elle ajouté.

Dans un communiqué publié vendredi, le parti de Kamed Morjane a confirmé le retrait de ses députés et justifié son appel à la dissolution de l'ANC qui a "dévié de ses objectifs".