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PORTRAIT - Tunisie : qui était Chokri Belaïd ?

L'opposant tunisien Chokri Belaïd

L'opposant tunisien Chokri Belaïd - -

Une figure de l'opposition tunisienne a été tuée par balles mercredi à Tunis. Qui était Chokri Belaïd et pourquoi "dérangeait-il" ? Eléments de réponse.

Chokri Belaïd avait 48 ans quand il a été assassiné par plusieurs balles mercredi matin devant son domicile à El Menzah au nord de Tunis. Il a été transporté d’urgence à la clinique de la cité Ennasr, où il a succombé à ses blessures. Ses proches ont immédiatement accusé le parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement tunisien. Focus sur ce fervent opposant au pouvoir en place.

Leader d'un parti d'extrême gauche

Avocat de profession, l’homme était une grande figure de l'opposition tunisienne. Il dirigeait le Mouvement des patriotes démocrates, un parti d’extrême gauche qui repose essentiellement sur la lutte des classes. Ce parti a été légalisé le 12 mars 2011, avant de fusionner un mois plus tard avec le Parti du travail patriotique et démocratique, qui se réclame du socialisme et de la classe ouvrière. Celui-ci a été fondé en 2005 et légalisé six ans plus tard.

Critique acerbe du gouvernement actuel, il avait rejoint cette année une coalition de partis de gauche, le Front populaire. Cette alternative au pouvoir en place regroupe douze partis politiques et associations de gauche mais aussi des nationalistes, des écologistes, ainsi que de nombreux intellectuels indépendants.

Régulièrement menacé

Même si les auteurs de son meurtre ne sont pour le moment pas connus, difficile de ne pas le lier à Ennahda. Le 31 décembre, Chokri Belaïd, a été attaqué par des milices qui seraient proches du gouvernement. Il avait à l’époque déclaré : "S'il m'arrive quoi que ce soit, c'est le ministère de l'Intérieur qui en sera responsable. Car, c'est à lui de protéger les citoyens, moi ou les autres".

Mais c’est plus récemment que les choses se sont accélérées. Le week-end dernier Chokri Belaïd a longuement pris la parole lors d’un meeting populaire. A la fin de son discours, "des barbus ont investi la salle de réunion. Ils ont eu à faire aux jeunes du parti qui les ont chassés de la maison de culture, les agresseurs ont jeté des pierres et brisé la devanture de la maison de culture. Certains militants ont été blessés", avait-il témoigné dans sa dernière interview donnée au quotidien tunisien indépendant Le Temps.

Chokri Belaïd avait assuré qu’il avait appelé le ministre de l’Intérieur. Mais que celui-ci n’avait pas décroché.