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Tunisie

Les Tunisiens élisent leur nouveau président ce dimanche

Moncef Marzouki, à gauche, va-t-il être en mesure de rester le président de la Tunisie? Cela risque d'être compliqué, tant Béji Caïd Essebsi, à droite, fait figure de favori.

Moncef Marzouki, à gauche, va-t-il être en mesure de rester le président de la Tunisie? Cela risque d'être compliqué, tant Béji Caïd Essebsi, à droite, fait figure de favori. - Fethi Belaïd - AFP

Au terme d'une campagne particulièrement acrimonieuse, 5,3 millions de Tunisiens sont appelés aux urnes pour élire leur nouveau président. Face au sortant Moncef Marzouki, l'ex-Premier ministre Béji Caïd Essebsi fait figure de favori. Tout ce qu'il faut savoir sur ce scrutin.

C'est un second tour qui s'annonce historique. Près de 5,3 millions de Tunisiens sont appelés aux urnes, ce dimanche, pour élire leur nouveau président. Un scrutin qui oppose le président sortant Moncef Marzouki au favori Béji Caïd Essebsi, et qui intervient dans un contexte particulièrement tendu, quelques jours après des menaces jihadistes.

Un retour de l'ancien régime?

Arrivé en tête au premier tour avec 39,46% des voix, l'ex-Premier ministre Béji Caïd Essebsi, 88 ans et chantre du "prestige de l'Etat", fait figure de favori. Son parti anti-islamiste Nidaa Tounès est arrivé premier aux législatives de fin octobre avec 86 sièges sur 217, devant les islamistes d'Ennahda (69 sièges).

Le président Marzouki, 69 ans, se pose lui en défenseur des libertés et en rempart contre le retour de l'ancien régime que représente pour lui son rival, M. Caïd Essebsi ayant servi sous les présidents Habib Bourguiba et Zine El Abidine Ben Ali.

Une campagne hargneuse

La campagne a été acrimonieuse, chacun des deux finalistes dépeignant l'autre comme la pire option pour le pays. "Une guéguerre impitoyable où tous les coups ou presque sont permis", avait jugé vendredi le quotidien Le Temps.

Moncef Marzouki a ainsi assuré que le camp adverse se préparait à tricher au second tour, ce qui lui a valu un avertissement de l'instance électorale. Béji Caïd Essebsi a de son côté lancé que son rival était le candidat des islamistes et même des "salafistes jihadistes", l'accusant également d'incompétence et d'avoir "ruiné" le pays avec ses alliés islamistes.

Aucun débat n'a opposé les deux candidats, Béji Caïd Essebsi s'y étant refusé malgré l'insistance de son rival qui l'y a même invité, non sans ironie, dans des affiches placardées à Tunis.

Un premier vote libre depuis 1956

C'est la première fois depuis son indépendance en 1956 que la Tunisie vote librement pour son président.

Ce scrutin doit mettre fin à une transition mouvementée quatre ans après la révolution qui avait obligé le dictateur Ben Ali à la fuite en Arabie Saoudite le 14 janvier 2011, soit 23 ans après son coup d'Etat contre le premier président tunisien Habib Bourguiba.

Les législatives ainsi que le premier tour de la présidentielle le 23 novembre ont été salués comme "transparents" et "pluralistes" par les observateurs internationaux, une exception parmi les pays du Printemps arabe qui pour l'essentiel ont basculé dans le chaos, la guerre ou la répression.

Le spectre du jihadisme

Des menaces pèsent toutefois sur le pays, confronté depuis la révolution à un essor de la mouvance jihadiste. Dans une vidéo publiée mercredi soir, des jihadistes ralliés au groupe Etat islamique (EI) ont pour la première fois revendiqué l'assassinat de deux opposants anti-islamistes tunisiens en 2013, en menaçant de nouvelles violences.

"Oui tyrans, c'est nous qui avons tué Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi", dit dans cette vidéo un jihadiste identifié comme Abou Mouqatel. Ce Franco-Tunisien, dont le vrai nom est Boubaker El Hakim selon les autorités, est recherché pour son implication dans ces deux assassinats en février et juillet 2013. 

"Nous allons revenir et tuer plusieurs d'entre vous. Vous ne vivrez pas en paix tant que la Tunisie n'appliquera pas la loi islamique", a-t-il menacé, en appelant les Tunisiens à "prendre les armes" et à prêter allégeance à l'EI, un groupe ultraradical qui sévit en Syrie et en Irak.

Un lourd dispositif militaire déployé

Sans faire référence à cette vidéo, le gouvernement tunisien a affirmé jeudi que "les menaces n'empêcheront pas l'électorat tunisien de se rendre en masse aux urnes". Comme lors des précédents scrutins, des dizaines de milliers de militaires et policiers seront déployés.

Le président de l'instance électorale, Chafik Sarsar, a reconnu l'existence de "dangers possibles et probables", tout en estimant qu'ils ne devaient "pas porter atteinte à l'ambiance des élections".

Les autorités ont aussi annoncé la fermeture des principaux points de passage avec la Libye, en proie au chaos, de vendredi minuit jusqu'au 24 décembre.

Jé. M. avec AFP