BFMTV
International

Législatives en Tunisie: Nidaa Tounès victorieux, devant Ennahda

L’instance Supérieure Indépendante pour les élections donne les résultats des législatives en Tunisie, le 30 octobre.

L’instance Supérieure Indépendante pour les élections donne les résultats des législatives en Tunisie, le 30 octobre. - Fadel Senna - AFP

La coalition anti-islamistes emmenée par Nidaa Tounès, réunissant des personnalités de centre droit et de gauche, mais aussi des caciques de l'ère Ben Ali, a remporté les élections législatives, les premières depuis la révolution de 2011 qui avait porté Ennahda au pouvoir.

Le parti anti-islamiste tunisien Nidaa Tounès a remporté les législatives de dimanche, devançant ses rivaux d'Ennahda, selon les résultats officiels préliminaires annoncés dans la nuit de mercredi à jeudi par l'instance chargée d'organiser le scrutin.

Nidaa Tounès a remporté 85 des 217 sièges de l'Assemblée des représentants du peuple, tandis qu'Ennahda en a engrangé 69, a annoncé l'ISIE lors d'une conférence de presse.

L'Union patriotique libre (UPL), le parti du richissime homme d'affaires et président du Club africain, l'un des principaux clubs de Tunisie, Slim Riahi, arrive en troisième position avec 16 sièges

Il est suivi par le Front populaire, coalition de gauche et d'extrême gauche dont deux responsables ont été assassinés en 2013, qui remporte 15 sièges, et par le parti Afek Tounes (huit sièges).

Ces législatives, ainsi que la présidentielle prévue le 23 novembre, doivent enfin doter la Tunisie d'institutions pérennes près de quatre ans après la révolution qui mit fin en janvier 2011 à la dictature de Zine El Abidine Ben Ali.

Un ras-le-bol des Tunisiens après deux ans d'Ennahda

Nidaa Tounès, une formation hétéroclite créée en 2012 et regroupant aussi bien des personnalités de gauche, de centre droit, des opposants et des caciques du régime déchu de Ben Ali, a mené une campagne virulente contre les islamistes d'Ennahda.

Vainqueur des premières élections libres de l'histoire de la Tunisie en octobre 2011, très critiqué pour son bilan controversé après deux ans au pouvoir, Ennahda perd 20 des sièges qu'il occupait jusqu'ici dans l'Assemblée constituante, mais il reste la deuxième force politique du pays. Ennahda a tenté tout au long de sa campagne de répondre aux critiques en mettant en avant une image consensuelle et n'évoquant que rarement la question de l'islam. 

Nidaa Tounès a, lui, notamment capitalisé sur le ras-le-bol des Tunisiens en promettant de rétablir "le prestige" de l'Etat. La Tunisie a en effet vécu des années difficiles depuis la révolution, l'économie ayant été durement affectée par l'instabilité. Le pays a connu une année 2013 particulièrement terrible, marquée par l'essor de groupes jihadistes, et une interminable crise politique.

Vers un gouvernement de coalition?

Avant même l'annonce des résultats officiels, les Tunisiens s'interrogeaient sur les contours de la future majorité gouvernementale. Nidaa Tounès sera en effet contraint de former une coalition pour avoir une majorité de 109 sièges sur 217.

Les journaux tunisiens avaient évoqué mercredi une union des deux principales forces politiques dans une grande coalition. "Le meilleur parmi ces scénarios serait une coalition Nidaa Tounès-Ennahda qui garantirait un gouvernement stable durant les cinq prochaines années", a ainsi jugé La Presse, premier quotidien francophone du pays.

Le Temps a noté de son côté que Nidaa Tounès serait confronté à un véritable dilemme, car les partis considérés comme ses alliés naturels n'auront qu'une représentation limitée au Parlement, tandis qu'une alliance avec le Front populaire, une coalition de gauche, est improbable au regard des divergences sur le plan économique.

En dépit des spéculations, les tractations vont sans doute se faire attendre, la Tunisie devant entrer samedi en campagne électorale pour la présidentielle du 23 novembre.

D. N. avec AFP