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Tunisie

Attentat de Sousse: le courage des employés tunisiens

Les personnes en arrière-plan seraient, selon certains témoignages, des employés de l'hôtel voisins qui se sont interposés face au terroriste.

Les personnes en arrière-plan seraient, selon certains témoignages, des employés de l'hôtel voisins qui se sont interposés face au terroriste. - BFMTV

De nombreux témoignages ont décrit les actes héroïques qui ont eu lieu pendant l'attaque terroriste de Sousse. Parmi eux se distinguent notamment les employés tunisiens des hôtels et installations touristiques, mettant parfois leur vie en danger pour sauver les touristes de la folie meurtrière de l'attaquant.

La panique, les tirs, les victimes, le sang... Difficile de savoir comment l'on se comporterait sur les lieux d'un drame comme celui qui s'est joué le 26 juin sur les plages de l'hôtel Imperial Marhaba, à Sousse. Des actes d'héroïsme ont été rapportés depuis, à l'image du Britannique Mathew James, qui s'est jeté sur sa compagne afin de lui servir de bouclier vivant.

Les récits de rescapés se multiplient depuis le rapatriement en urgence dont ils ont bénéficié. A part la terreur, il est un trait commun qu'ils partagent souvent: le courage des Tunisiens, qui ont parfois exposé leur vie pour protéger celle des touristes. Certains racontent comment ils ont été cachés par un commerçant des boutiques de l'hôtel, avec d'autres touristes. "Les employés couraient en direction de la plage alors que nous, on s'enfuyaient. Ils se sont assurés de partir les derniers", explique Len au Guardian.

Une barrière humaine pour l'empêcher de passer à l'hôtel suivant

D'autres racontent à l'Express.co.uk comment ils ont été récupérés par des employés de l'hôtel alors qu'ils erraient parmi les cadavres:

"Sur la route, nous avons vu les cadavres des vacanciers par terre avec des impacts de balles. Quand nous sommes arrivés au Bellevue [l'hôtel d'à côté, NDLR], un employé nous a cachés dans son bureau le temps que tout se calme."

Selon un témoignage frappant souvent repris dans la presse anglaise, les employés du Bellevue se sont opposés physiquement à l'avancée du tireur. C'est ce qui expliquerait cette photo, dont les silhouettes, en arrière-plan, feraient penser à d'improbables badauds. Sur les réseaux sociaux, de nombreux commentateurs s'indignaient de voir ces gens observer le macabre spectacle sans réagir. Il n'en était rien.

Selon John Yeoman, il s'agirait d'employés du Bellevue alignés et déterminés à empêcher le tireur d'avancer: "Ces personnes en arrière-plan forment un bouclier humain afin de protéger un autre hôtel. Ils ne regardent pas, ils ont sauvé de nombreuses vies."

L'homme raconte au DailyMail que les employés avaient entendu les paroles du tireur, lorsqu'il criait qu'il ne s'en prenait qu'aux touristes. Ils auraient alors formé une ligne humaine, et affirmé au terroriste qu'il devrait les tuer pour passer, or ils étaient musulmans. Le terroriste aurait alors tourné les talons.

C'est un témoignage indirect d'un témoin rencontré à l'aéroport de Manchester que John Yeoman, qui barricadait à ce moment-là sa chambre d'hôtel, rapporte. Une version toutefois corroborée par le témoignage d'un couple d'Anglais, présents sur place, interrogés par la BBC: "Le personnel a formé une ligne de protection autour de l'hôtel. Ils étaient prêts à prendre des balles à notre place. On ne pourra jamais assez les remercier."

Armés de pots de fleurs et de bouteilles

C'est que parfois, ces actions ont flirté avec l'inconscience. Certains employés ont même essayé d'attaquer le tireur avec ce qu'ils avaient sous la main, soit une puissance de feu très inférieure à celle d'une kalachnikov: de simples pots de fleurs. C'est en tout cas ce que les gardes, non armés, ont expliqué au Figaro. Le London Evening Standard raconte, de son côté, le périple d'un employé qui a suivi le tueur, armé d'une simple bouteille.

Les employés des hôtels ne sont pas les seuls à avoir pris des risques. La base nautique qui jouxte l'hôtel a servi a cacher des dizaines de personnes. C'est Sabi, un employé de la base, qui a agi. Il a tout vu: "J'ai vu une personne en face de nous qui s'est tournée avec à la main une kalachnikov et il commençait à tirer sur tout le monde."

Lorsqu'il a réalisé que les balles étaient réelles, Sabi a commencé à regrouper les clients les plus proches pour les cacher dans une cave connue du seul personnel de la base: "Il y avait entre 150 et 200 clients. On les a emmenés dans les caves sous la thalasso". Ils y sont restés cachés plus d'une demi-heure, puis sont ressortis saints et saufs.