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Tunisie

"À bas l'État policier": en Tunisie, plus de 3000 personnes manifestent à l'appel du principal syndicat

Des milliers de personnes ont marché à Tunis à l'appel du principal syndicat du pays, l'UGTT, contre les arrestations d'opposants au président, le 4 mars 2023

Des milliers de personnes ont marché à Tunis à l'appel du principal syndicat du pays, l'UGTT, contre les arrestations d'opposants au président, le 4 mars 2023 - Fethi BELAID / AFP

Des milliers de personnes ont marché à Tunis ce samedi à l'appel du principal syndicat du pays, l'UGTT. Ce dernier demande au chef de l'État "des changements pacifiques et démocratiques".

"Liberté, liberté, à bas l'État policier", "stop à l'appauvrissement", des milliers de personnes ont marché à Tunis ce samedi à l'appel du principal syndicat du pays, l'UGTT, qui a appelé le président tunisien Kais Saied à accepter "le dialogue".

Le chef de l'UGTT a dénoncé en tribune une vingtaine d'arrestations récentes d'opposants au chef de l'État - dont des dirigeants de la principale coalition anti-Saied - et d'un syndicaliste pour avoir lancé une grève sur les péages autoroutiers.

"Nous n'accepterons jamais ces pratiques d'arrestations", a lancé Noureddine Taboubi, devant plus de 3000 personnes.

"Nous résistons pour défendre notre droit syndical et sommes unis comme les cinq doigts de la main", a affirmé Noureddine Taboubi, dont la centrale revendique près d'un million d'adhérents.

Un appel au "dialogue" en direction du président

Le chef de cette organisation co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour avoir favorisé le dialogue politique, a dénoncé de la part du président Saied, "des règlements de comptes et des propos qui divisent la société".

"Nous avons présenté une initiative (de réformes) avec d'autres et c'est comme si nous avions commis un crime", a-t-il dit, lançant à Kais Saied un appel au "dialogue" et "à des changements pacifiques et démocratiques".

Le dirigeant syndical a aussi défendu "les droits des migrants". "La Tunisie est un pays de tolérance, non au racisme", a-t-il déclaré, après des agressions en Tunisie contre les ressortissants subsahariens ayant fait suite à un discours de Kais Saied contre l'immigration clandestine.

Noureddine Taboubi a aussi critiqué les négociations entre le gouvernement et le Fonds monétaire international (FMI), assurant que l'UGTT n'a pas été "informée en détail des propositions" de Tunis.

Une inflation de plus 10% par mois

La Tunisie, endettée à 80% de son PIB à cause notamment du poids de sa fonction publique (plus de 650.000 salariés), négocie une aide du FMI de près de 2 milliards de dollars mais les pourparlers patinent depuis la mi-octobre.

De nombreux manifestants brandissaient des baguettes ou des couffins vides pour dénoncer l'inflation qui dépasse les 10% par mois et des pénuries sporadiques de denrées alimentaires de base (lait, café, sucre et huile).

Une nouvelle fois, Noureddine Taboubi a totalement rejeté l'idée "d'une levée des subventions" étatiques aux produits de base (carburants et aliments), une des contreparties à l'octroi des aides par le FMI.

J.D. avec AFP