BFMTV
Afrique

TOUT COMPRENDRE. Pourquoi les États-Unis et le Royaume-Uni frappent des rebelles Houthis au Yémen

Les États-Unis et le Royaume-Uni ont mené dans la nuit de jeudi à vendredi des frappes aériennes contre des sites militaires des rebelles Houthis au Yémen. Ces derniers attaquent depuis plusieurs semaines des navires en mer Rouge en "solidarité" avec les Palestiniens de Gaza.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, les États-Unis et le Royaume-Uni ont mené des frappes aériennes contre les rebelles Houthis au Yémen qui multiplient depuis des semaines les attaques contre le trafic maritime en mer Rouge en "solidarité" avec les Palestiniens de Gaza, territoire ravagé par la guerre entre Israël et le Hamas. Que faut-il savoir des Houthis, de leurs revendications et de ces frappes?

• Qui sont les Houthis?

Les rebelles Houthis, qui contrôlent une grande partie du Yémen mais ne sont pas reconnus par la communauté internationale, sont, comme le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais, membres de "l'axe de la résistance" contre Israël, soutenu par l'Iran.

Après avoir pris la capitale Sanaa en 2014, ils se sont emparés de vastes territoires du Yémen, le pays le plus pauvre de la péninsule arabique, en particulier dans le nord.

Leurs missiles de longue portée et leurs drones développés grâce à la technologie iranienne, selon leurs adversaires, sont considérés comme une menace sérieuse pour leurs voisins du Golfe. Les Houthis ont déjà mené des attaques contre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, tous deux membres de la coalition militaire qui appuie le gouvernement yéménite face aux rebelles depuis 2015. Les Houthis n'avaient toutefois jamais participé jusque-là à un conflit n'impliquant pas leur pays. 

Après avoir combattu cette organisation armée, politique et théologique pendant plus de huit ans, Ryad a entamé des pourparlers avec elle l'année dernière, dans l'espoir de mettre fin au conflit qui a dévasté le pays. 

• Pourquoi les Houthis attaquent-ils des navires?

Les Houthis ont mené depuis le 19 novembre 27 attaques de missiles et drones près du détroit de Bab el-Mandeb séparant la péninsule arabique de l'Afrique, selon les Etats-Unis. Ils disent cibler les navires commerciaux liés à Israël, en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, territoire bombardé par Israël dans le cadre de sa guerre contre le Hamas.

Des attaques qui ne sont pas sans conséquences économiques. Début janvier, le géant danois du transport maritime Maersk a annoncé détourner sa flotte par le sud de l'Afrique pour éviter la mer Rouge. Une décision qui rallonge les trajets et donc les coûts.

Mer Rouge: pourquoi la France a-t-elle rejoint la coalition navale lancée par les Etats-Unis?
Mer Rouge: pourquoi la France a-t-elle rejoint la coalition navale lancée par les Etats-Unis?
3:50

Les compagnies maritimes ont déjà annoncé des hausses de tarif importantes pour couvrir les frais liés à ce détour qu'elles sont de plus en plus nombreuses à effectuer. CMA CGM a doublé le prix d'un conteneur de 40 pieds entre l'Asie et la Méditerranée (3.000 à 6.000 dollars). Même chose pour le leader du secteur, l'italo-suisse MSC, dont les tarifs sont passés de 2.900 à 5.900 dollars pour le transport d'un conteneur de 40 pieds sur le même trajet.

• Que s'est-il passé dans la nuit?

Dans la nuit de jeudi à vendredi, les États-Unis et le Royaume-Uni ont bombardé des sites militaires des Houthis au Yémen. Dans une déclaration commune, Washington, Londres et huit de leurs alliés parmi lesquels l'Australie, le Canada et Bahreïn ont souligné que l'opération, menée dans un contexte de forte tension régionale, visait à la "désescalade" et à "restaurer la stabilité en mer Rouge".

Les frappes ont visé des sites dans la capitale Sanaa, et les gouvernorats de Hodeidah, Taïz, Hajjah et Saada, a indiqué le porte-parole militaire des Houthis. Cinq personnes ont été tuées et six blessées parmi les rebelles, a-t-il ajouté, dénombrant "73 raids" de "l'ennemi américano-britannique". 

L'opération a été menée "avec succès" en réponse "directe aux attaques sans précédent des Houthis de navires internationaux en mer Rouge", a affirmé le président américain, Joe Biden, évoquant une action "défensive" pour protéger notamment le commerce international.

• Comment réagit la communauté internationale?

Vendredi, l'Otan, une alliance militaire de 30 pays, a appelé les Houthis à cesser leurs attaques après ces frappes "défensives". La France a aussi "exigé" la fin des attaques. Le Kremlin a lui condamné des frappes "illégitimes du point de vue du droit international".

La Chine a quant à elle exhorté les parties prenantes "à faire preuve de retenue, afin d'éviter une expansion du conflit". Un appel au calme également lancé par l'Arabie saoudite, à la tête d'une coalition internationale anti-Houthis. Le sultanat d'Oman, médiateur entre Houthis et forces loyalistes yéménites, a condamné le "recours de la part de pays amis à l'action militaire".

Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira ce vendredi après-midi en urgence en réaction à ces frappes et à la demande de la Russie, a annoncé la France qui assure la présidence du Conseil en janvier.

S.C avec AFP