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Lazarevic de retour en France, les circonstances de sa libération restent floues

Serge Lazarevic à son arrivée à Villacoublay.

Serge Lazarevic à son arrivée à Villacoublay. - Bertrand Guay - AFP

Il est rentré fatigué et très amaigri, mais sain et sauf. Le dernier otage français Serge Lazarevic a posé le pied sur le sol de l'Hexagone mercredi matin. Tout en saluant cette bonne nouvelle, de nombreuses voix se sont interrogées sur les contreparties qui avaient permis cette libération.

"La vie est belle". Les premiers mots prononcés par Serge Lazarevic à son arrivée mercredi matin à l'aéroport de Villacoublay sont à la hauteur de l'événement: le dernier otage français est bien rentré. Libéré mardi, il aura passé plus de trois années de captivité au Sahel aux mains d'Al-Qaïda. Mais en échange de quelles contreparties a-t-il pu revenir?

Le Franco-serbe d'1,98 mètre a été accueilli à sa descente d'avion par le président François Hollande. Accompagné de sa fille, l'homme au visage amaigri a embrassé ses proche et longuement étreint le fils de Philippe Verdon, enlevé avec lui le 24 novembre 2011 dans le nord du Mali. Cet autre Français a été retrouvé mort d'une balle dans la tête mi-2013.

"Je n'ai pas beaucoup de forces", s'est excusé le désormais ex-otage dans une brève prise de parole. Après un premier check-up dans l'avion, le Quai d'Orsay a fait savoir qu'il allait bien même si Serge Lazarevic a perdu une vingtaine de kilos. 

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Des questions sur les négociations

Malgré la discrétion officielle sur les circonstances de ce dénouement, certaines sources affirment que des preneurs d'otages ont été libérés en contrepartie. Officiellement, la libération est le fruit d'un "engagement personnel" des présidents du Mali et du Niger. "Il y a à la fois des négociations, des relais diplomatiques" et "la discrétion", s'est borné à dire mercredi le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll.Ce dernier a refusé de confirmer ou démentir des informations faisant état de la libération de prisonniers d'Aqmi en échange de l'otage.

"La libération de Serge Lazarevic a donné lieu à la remise en liberté de plusieurs preneurs d'otages"du "groupe jihadiste" qui avait revendiqué son enlèvement

C'est ce qu'a de son côté avancé l'association "Les amis de Ghislaine Dupont", la journaliste de Radio France internationale (RFI) capturée puis immédiatement assassinée avec le technicien Claude Verlon par la même organisation, il y a un an au Mali. Elle cite, parmi les prisonniers libérés, "Mohamed Ali Ag Wadossene et Heiba Ag Acherif, ceux-là mêmes qui avaient participé à l'enlèvement de Serge Lazarevic et de Philippe Verdon".

"Tout en saluant la libération de Serge Lazarevic, nos organisations restent indignées", ont réagi des ONG parmi lesquelles la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH), l'Association malienne des droits de l'homme (AMDH) et la section malienne d'Amnesty International.

Plus aucun otage français officiellement

Le président Hollande s'est quant à lui félicité de ce que la France ne compte "plus aucun otage, dans aucun pays au monde" et a lancé "un message simple, clair, à tous nos compatriotes qui peuvent se trouver dans des zones à risque: faites en sorte de ne pas aller où vous pouvez être enlevés". En février 2013, la France avait compté jusqu'à 15 otages dans le monde; elle en déplorait encore six au 1er janvier. En avril, quatre journalistes enlevés en Syrie ont été libérés tandis qu'un mouvement jihadiste a annoncé la mort de Gilberto Rodrigues Leal, capturé en novembre 2012 au Mali. Le guide de montagne Hervé Gourdel a, lui, été tué fin septembre, quatre jours après son rapt en Algérie par un groupe lié aux jihadistes de l'Etat islamique.

A. D. avec AFP