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Viol d'une fillette au Maroc: les peines finalement alourdies en appel pour les trois accusés

Un policier entre dans le tribunal de Rabat, au Maroc, le 13 avril 2023

Un policier entre dans le tribunal de Rabat, au Maroc, le 13 avril 2023 - Fadel SENNA / AFP

Les trois hommes avaient été condamnés en première instance à seulement 18 mois et 2 ans de prison ferme, un verdict qui avait suscité l'indignation de l'opinion publique. Ils sont accusés de viols à répétition sur une fillette de 11 ans.

La cour d'appel de Rabat, au Maroc, a alourdi dans la nuit de jeudi à vendredi les peines de trois hommes accusés de viols à répétion sur une fillette, après un verdict en première instance qui avait indigné l'opinion par sa clémence. L'un des accusés a été condamné à 20 ans de prison ferme et les deux autres à 10 ans chacun.

"Des viols à répétition sous la menace"

Sanae, une mineure de 11 ans au moment des faits et qui en a 12 aujourd'hui, a "subi des viols à répétition sous la menace", dans un village près de Rabat, ce qui a entraîné une grossesse, selon des ONG de défense des droits des femmes. Elle est devenue la mère d'un enfant âgé d'un an et un mois aujourd'hui.

"Nous sommes satisfaits du verdict qui a rendu justice à la victime, ceci dit nous n'avons pas compris pourquoi deux accusés ont écopé de 10 ans chacun seulement", a déclaré à l'AFP l'avocat de la victime Abdelfattah Zahrach à la sortie du tribunal.

Ce dernier précise qu'il envisage le pourvoi en cassation "après concertation avec la famille".

Jusqu'à 30 ans de prison encourus

Le 20 mars, l'un des hommes avait été condamné à deux ans de prison ferme, les deux autres à 18 mois ferme, des peines dont la clémence avaient choqué l'opinion.

Comme en première instance, les trois hommes étaient poursuivis en appel pour "détournement de mineure" et "attentat à la pudeur sur mineure avec violence". Les prévenus, âgés de 25, 32 et 37 ans, encouraient jusqu'à 30 ans de prison ferme, selon le code pénal marocain.

Leurs peines ont été assorties de dommages d'un total de 140.000 dirhams (plus de 12.500 euros) tandis qu'en première instance, ils avaient été condamnés à payer un total de 50.000 dirhams (soit 4500 euros).

Les trois accusés ont encore nié en bloc

"Si c'était possible j'aurais requis la peine capitale", a déclaré le procureur du roi. Le Maroc a de facto aboli la peine de mort, n'ayant procédé à aucune exécution depuis 1993.

Pour sa part, Sanae "a réitéré son témoignage" devant la cour, a indiqué à l'AFP Me Mohamed Sebbar, avocat.

Face aux questions du juge, du parquet et de la partie civile, les trois accusés ont en revanche nié en bloc. L'un d'eux, confronté au test ADN qui prouve qu'il est le père biologique de l'enfant de Sanae, s'est contenté de répéter: "Je ne sais pas".

La partie civile a réclamé une prise en charge financière de la fillette jusqu'à sa majorité par le ministère de la Solidarité.

Une pétition a recueilli 35.000 signatures

L'affaire a profondément ému l'opinion publique qui a dénoncé un premier jugement "laxiste" et "choquant". Une pétition en ce sens a recueilli plus de 35.000 signatures.

Plusieurs dizaines de manifestantes dénoncent à Rabat un verdict jugé laxiste à l'encontre de trois hommes accusés de viols à répétition sur une fillette de 11 ans, une affaire qui suscite émotion et colère au Maroc.
Plusieurs dizaines de manifestantes dénoncent à Rabat un verdict jugé laxiste à l'encontre de trois hommes accusés de viols à répétition sur une fillette de 11 ans, une affaire qui suscite émotion et colère au Maroc. © HICHAM RAFIH / AFPTV / AFP

L'émoi a grandi avec la publication du prononcé du jugement en première instance dans lequel il apparaît que les accusés ont bénéficié de circonstances atténuantes.

Ce drame a relancé le débat sur la protection des enfants contre les violences sexuelles dans le royaume et la nécessité de réformer les lois.

J.D. avec AFP