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Libye

Un rescapé du naufrage en Méditerranée: "Je suis heureux parce que je suis en vie"

Nasir Khan, rescapé du naufrage du 19 avril 2015 en Méditerranée

Nasir Khan, rescapé du naufrage du 19 avril 2015 en Méditerranée - BFMTV

Nasir Khan a 17 ans. Rescapé du naufrage de dimanche en Méditerranée, il raconte à BFMTV.com comment il s'est sauvé en nageant jusqu'au bateau des garde-côtes.

A 17 ans, il revient de l'enfer. Nasir Khan est l'un des survivants du naufrage de dimanche au large de la Libye. Sur 850 migrants entassés sur un bateau de 20 mètres de long, seuls 28 personnes ont eu la vie sauve. Les garde-côtes ont repêché 24 corps. Des centaines d'autres corps, y compris de femmes et d'enfants, sont restés prisonniers à l'intérieur du chalutier.

Originaire du Bangladesh, Nasir Khan a accepté de se confier à BFMTV. "Notre bateau allait très lentement", raconte le jeune homme. Mais au moment où un bateau plus gros les a approchés, l'embarcation a accéléré et "s'est mis à aller très vite". "Tout le monde a quitté son siège et s'est dirigé du même côté", se souvient-il.

"Tout le monde tombait"

"Tout le monde tombait", explique le jeune homme. Contrairement à lui, qui parvient à rejoindre le gros bateau à la nage, de nombreux migrants ne savent pas nager: "Ils criaient 'aidez-moi, aidez-nous!'", explique Nasir. Quelques jours après avoir rejoint sain et sauf la terre ferme, l'adolescent dit se sentir bien. "Je suis heureux parce que je suis en vie", nous a-t-il confié après cette terrible épreuve.

Sur l'embarcation de fortune, chaque migrant avait payé entre 330 et 660 euros pour la traversée, selon le Parquet de Catane, en Sicile. Certains ont même été parqués pendant plus d'un mois dans une usine désaffectée près de Tripoli, en Libye, avant d'embarquer jeudi soir. Dans trois mois, Nasir Khan devrait être transféré dans un autre centre pour mineurs, jusqu'à ce qu'une décision définitive soit prise sur sa situation: statut de réfugié, permis de séjour humanitaire ou procédure d'expulsion.

"Tout le monde veut être secouru en premier"

Mamadou Dialo, un jeune Guinéen, est hébergé au centre d'accueil pour demandeurs d'asile de Mineo. Quelques jours auparavant, il avait fait une traversée à plus de 100 personnes sur un canot pneumatique. "Je savais que c'était loin mais je pensais que ce serait un grand bateau. Mais on n'a pas le choix, on ne peut pas repartir en arrière, il faut foncer en avant, vers la mer", raconte-t-il à l'AFP.

"Quand le grand bateau (des garde-côtes) arrive, c'est chacun pour soi, tout le monde veut être secouru en premier", ajoute le jeune homme, visiblement encore secoué.

Alors qu'un sommet de l'Union européenne se réunit ce jeudi pour débattre des mesures contre les trafiquants de migrants en Libye, après le naufrage d'un chalutier qui a fait quelque 800 morts, le ministère italien de l'Intérieur table sur quelque 5.000 arrivées en moyenne par semaine d'ici à septembre sur les côtes italiennes, selon un rapport publié par les médias. Si ce chiffre se confirmait, cela signifierait quelque 200.000 arrivées pour 2015 en Italie.

A. D.