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Libération des otages: le rôle capital du Niger

Les présidents François Hollande et Mahamadou Issoufou à l'Elysée en mai 2013

Les présidents François Hollande et Mahamadou Issoufou à l'Elysée en mai 2013 - -

Le pays président par Mahamadou Issoufou a joué un rôle majeur dans la libération des quatre otages français. Parce qu'ils avaient été enlevés dans son pays, parce qu'il avait d'excellents interlocuteurs mais aussi parce qu'il négocie en ce moment avec l'entreprise Areva.

Une fois exprimée sa "joie immense" d'accueillir les quatre ex-otages français à leur descente d'avion, François Hollande n'a pas manqué de témoigner sa "gratitude" et celle du pays au Niger et au président Mahamadou Issoufou. "C'est lui, avec ses équipes, qui a pu faire les tractations nécessaires pour obtenir la libération de nos otages. [...] Nous avons obtenu par le Niger ces libérations", a répété le président de la République.

Pourquoi et comment le Niger, pays où on été enlevés les otages, a-t-il offert son aide à la France dans cette affaire?

Mohamed Akotey, un touareg au centre des négociations

Depuis trois ans, les autorités nigériennes soutiennent la France pour faire libérer les otages. Pays frontalier du Mali, le Niger est aussi impliqué dans l'opération Serval lancée par l'armée française en janvier 2013. La force de ce pays? Des hommes en contact permanent avec les rebelles touaregs.

"L'Etat du Niger, par sa méthode, ses réseaux, son histoire, a les moyens de rencontres, de discussions, qui étaient indispensables, pour qu'il y ait une sortie des otages avec la vie sauve", a souligné le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.

Un nom revient désormais en permanence dès que l'on évoque les négociations: Mohamed Akotey. Ancien rebelle dans les années 90, il a depuis été ministre de l'Environnement au Niger. Il fait partie de la tribu des Ifoghas, dont le berceau est la région de Kidal où se sont tenues les dernières négociations et où les otages ont été libérés.

L'"initiative" nigérienne

Mohamed Akotey "a la confiance du président Issoufou, travaille pour Areva et a des relations avec les touaregs de part et d'autre de la frontière nigero-malienne", a confirmé au Nouvel Obs Moussa ag Acharatouman, l'un des membres fondateurs du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA). Il refuse néanmoins de commenter d'éventuelles contreparties ou rançons.

Il apparaît en tout cas certain que conformément aux affirmation de des ministres français Jean-Yves Le Drian (Défense) et de Laurent Fabius (Affaires étrangères), aucun assaut n'a été donné par les forcés nigériennes qui ont elles-même pris "l'initiative" de cette libération.

Négociations entre le Niger et Areva

Une inconnue demeure: le versement ou non d'une rançon. Si Paris martèle depuis mardi soir que la France ne verse pas de rançon, le journal Le Monde évoque la somme de 20 millions, prélevées sur les fonds spéciaux des services secrets. L'AFP donne une fourchette de 20 à 25 millions et évoque la possible participation financière d'Areva.

Mais le Niger pourrait aussi avoir participé, outre aux négociations, au paiement de cette rançon. Pourquoi? Parce que le pays négocie actuellement avec l'entreprise française Areva au sujet de l'exploitation de ses mines d'uranium. Début octobre, le PDG de l'entreprise, Luc Oursel, a été reçu à Niamey par le président Issoufou. Il faut dire que les enjeux sont nombreux pour le pays.

"Ces mines suffisent à justifier l'implication du Niger"

En discussion notamment, le prix du kilogramme d’uranium extrait de ces mines. Le Niger souhaite que la nouvelle convention offre un équilibre plus juste et une redistribution des richesses plus importante pour les locaux. La suite des négociations étaient prévues pour mi-octobre.

"Les intérêts nigériens et français autour de ces mines sont très importants", explique Pierre Boilley, directeur du centre d'étude des pays africains sur BFMTV. "Ces mines suffisent à justifier l'implication permanente du Niger dans ces libérations". Et font donc de ce "pays ami" comme l'a qualifié mercredi Jean-Marc Ayrault à l'Assemblée, un allié de premier plan dans la délicate question des deux autres otages français toujours retenus au Sahel.

Samuel Auffray avec Grégoire Pelpel (vidéo)