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Libération de Lazarevic: les Français face à un nouveau risque

Un soldat des Nations unies patrouille dans la ville malienne de Kidal, le 27 juillet 2013. Le Sahel est une zone fortement déconseillée par le Quai d'Orsay.

Un soldat des Nations unies patrouille dans la ville malienne de Kidal, le 27 juillet 2013. Le Sahel est une zone fortement déconseillée par le Quai d'Orsay. - Kenzo Tribouillard - AFP

Grâce à la libération de Serge Lazarevic, arrivé à Paris ce mercredi, la France ne compte plus d'otage au Sahel. Toutefois, le chef de l'Etat François Hollande a appelé les Français à la prudence, les exhortant à éviter de se déplacer dans des zones à risques.

"Faites en sorte de ne pas aller où vous pouvez être enlevés". En accueillant Serge Lazarevic, sur la base aérienne de Villacoublay, ce mercredi matin, François Hollande a adressé une recommandation aux Français, les exhortant à ne pas se rendre dans des zones où ils peuvent être victimes d'enlèvements. "Nous sommes dans un monde dangereux. Il y a des régions où il ne doit pas être accepté d'aller en voyage", a mis en garde le chef de l'Etat. Avant d'ajouter: "Il y a trois ou quatre ans, on pouvait encore se poser des questions. Aujourd'hui, il n'y a plus de questions à se poser".

Un message clair, qui appelle les Français à ne pas prendre de risques. Car si la France n'a officiellement plus d'otage dans le monde après cette dernière libération, la menace de nouveaux rapts ne disparaît pas pour autant.

Les Français, cible privilégiée des preneurs d'otages

La recommandation de François Hollande est brève, mais marque une étape. C'est en effet la première fois que l'on entend le chef de l'Etat adresser un message aussi clair sur la question. "Le président de la République a franchi un cap: pour la première fois, on parle de prévention et non de gestion", salue sur BFMTV Pierre Martinet, ancien agent de la DGSE. "Une fois que l'on est dans la gestion, c'est que l'on a oublié la prévention", poursuit-il.

Autrement dit, en tenant ces propos, François Hollande rappelle qu'un Français, quelle que soit sa position géographique en Afrique ou au Moyen-Orient, est une cible potentielle.

Par ailleurs, aux yeux des ravisseurs, les Français représentent une valeur marchande de premier ordre. "L’otage français est une manne financière importante car le gouvernement s’investit dans les négociations", justifie Pierre Martinet, ajoutant que bien que la France continue de nier tout paiement de rançons pour libérer ses otages, ces versements d'argents existent forcément, sans quoi "nos otages seraient exécutés". "Un Français, c'est malheureusement une sorte de prêt. Il faut donc faire très attention quand on est Français, et prendre des précautions", poursuit l'ancien agent du renseignement extérieur.

Une très large zone à risques

Le message du président de la République vient ainsi appuyer les recommandations formulées au mois de septembre par le Quai d'Orsay, au moment de l'enlèvement en Algérie du Français Hervé Gourdel, assassiné le 24 septembre par ses ravisseurs. Le ministère des Affaires étrangères avait alors appelé les Français à la "plus grande prudence" dans une trentaine de pays, pour la plupart situés en Afrique du Nord, dans la zone sahélienne et au Moyen-Orient. 

Le Quai d'Orsay recommande aux Français de renforcer leur vigilance dans une trentaine de pays, notamment dans la zone sahélienne.
Le Quai d'Orsay recommande aux Français de renforcer leur vigilance dans une trentaine de pays, notamment dans la zone sahélienne. © Ministère des Affaires étrangères

Aussi, au moment où la France ne compte plus de ressortissant retenu de force à l'étranger, cette consigne de prudence diffusée par l'Etat redouble de sens et laisse entendre que le risque d'enlèvements ne faiblit pas. "C'est juste une affaire de temps pour qu'il y ait de nouveau un otage français, car les Français sont menacés par tous les groupes jihadistes dans le monde", estimait ainsi mardi soir sur BFMTV le spécialiste du terrorisme islamiste Mathieu Guidère.

Sur son site, le Quai d'Orsay rappelle ainsi que "dans le contexte de l'intervention de la coalition internationale contre Daech, (…) les Français sont invités à faire preuve de vigilance lors de leurs déplacements à l'étranger", et insiste tout particulièrement sur les risques présents au Sahel. "La menace d'enlèvement visant des Occidentaux demeure élevée dans la zone sahélienne" où "aucune zone ne peut plus désormais être considérée comme totalement sûre", peut-on ainsi lire dans la rubrique "Conseils aux voyageurs".

La zone sahélienne est en effet devenue si dangereuse pour les Occidentaux que les journalistes français n'osent plus s'y rendre. "Par le passé, les Nations unies nous transportaient là-bas, mais aujourd'hui elles ne le font plus car cela a été très décrié au moment de l'assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon (les deux journalistes de RFI tués en novembre 2013 dans le nord du Mali, NDLR). Les Français ne peuvent plus couvrir cette zone, ils n'y vont que de temps en temps, avec l'armée française", témoigne ainsi sur BFMTV Laëtitia Kretz, ancienne correspondante au Mali.