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La France assure ne plus vouloir être le parrain de la Centrafrique

Des soldats paradent à Bangui, 15 mars 2004.

Des soldats paradent à Bangui, 15 mars 2004. - -

La France a assuré que son intervention en Centrafrique se limiterait à la protection de ses ressortissants et a exclu toute aide militaire directe au régime de Bangui. Paris tente de démontrer sa volonté de ne plus être le gendarme des anciennes colonies.

La France a assuré jeudi que son intervention en Centrafrique se limiterait à la protection de ses ressortissants. Pas question, donc, d'envoyer une aide militaire directe au régime de Bangui. Une manière de dire qu'il n'est plus question de jouer le gendarme de ses anciennes colonies... même si, pendant ce temps, la France s'investit largement au Mali.

"Si nous sommes présents, ce n'est pas pour protéger un régime, c'est pour protéger nos ressortissants et nos intérêts et en aucune façon pour intervenir dans les affaires intérieures d'un pays", a ainsi insisté François Hollande. "Ce temps-là est terminé", a lancé le président de la République.

Traduction du langage diplomatique : le président centrafricain François Bozizé, qui a appelé jeudi la France et les États-Unis à l'aider à stopper les rebelles du Séléka, va devoir se débrouiller tout seul face la rébellion, aux portes de la Capitale.

La France et la Centrafrique : parfait exemple de la Françafrique

Pendant des décennies, la France n'a pourtant cessé de jouer un rôle central en Centrafrique, faisant ou défaisant les régimes, armant ou désarmant des rebelles.

Exemple : en 2003, Paris fermait les yeux sur le coup d'Etat de François Bozizé. En 2007, des parachutistes français intervenait dans le nord-est du pays pour soutenir les forces gouvernementales contre un mouvement rebelle.

Mais depuis avril 2010, les relations entre les deux pays sont régies par un "Accord de partenariat de défense". Et à la différence du précédent pacte de 1960, cet accord ne prévoit pas la possibilité pour l'armée française d'intervenir en cas de conflit intérieur dans le pays.

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La France a déjà sauvé deux fois le président Bozizé.
La France a déjà sauvé deux fois le président Bozizé. © -

Reste que la France possède encore 250 militaires basés sur l'aéroport de Bangui. Ils ne devraient cependant pas s'impliquer dans le conflit.

"On ne fait pas de la sécurité civile ou du maintien de l'ordre", a ainsi expliqué, jeudi, le ministère de la Défense, mais de la "formation", de "l'instruction et conseil" aux militaires centrafricains.

Ne pas intervenir en Centrafrique, s'investir au Mali

A son arrivée au pouvoir en mai, le pouvoir socialiste avait assuré que la France ne voulait plus "rentrer dans un principe d'ingérence" et n'avait "pas vocation à intervenir directement" avec ses troupes combattantes en Afrique.

Mais selon Antoine Glaser, spécialiste de l'Afrique, la France a d'autant plus intérêt à se montrer discret en Centrafrique qu'elle est très active au Mali, même si elle répète qu'elle n'agira qu'en soutien d'une éventuelle intervention africaine.

"Au moment où la France est prête à s'investir au nord du Mali, ça peut être bien de montrer qu'on est prêt à laisser tomber un régime, que la politique de la canonnière est bien terminée", souligne-t-il.

Quelque 1.200 Français vivent en Centrafrique, parmi lesquels un tiers de binationaux. "A ce stade ils ne sont pas menacés", selon le ministère de la Défense, et leur évacuation vers Libreville, où la France dispose d'une importante base militaire, n'est pas prévue.