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Kenya: Samantha Lewthwaite, la "Veuve blanche" des Shebabs

Samantha Lewthwaite, à une date indéterminée.

Samantha Lewthwaite, à une date indéterminée. - -

Une Britannique ferait partie du commando armé qui sévit actuellement dans le centre commercial Westgate, au Kenya. Il pourrait s'agir de Samantha Lewthwaite, 29 ans, soupçonnée de marcher aux côtés de ces fanatiques religieux depuis plusieurs années.

De cette femme, on connaît désormais le visage, d'un blanc porcelaine, le regard azur, encadré par un voile musulman, et le sourire, souvent éclatant sur les photos. Le nom de Samantha Lewthwaite s'étale ce mardi à la une de nombreux journaux britanniques. Elle est soupçonnée de faire partie du commando armé qui sévit actuellement dans le dédale ensanglanté du centre commercial Westgate, à Nairobi.

Le nom de cette Britannique a également circulé sur un compte Twitter attribué aux Shebabs par la presse anglo-saxonne, et désormais fermé: "Sherafiyah Lewthwaite a.k.a [alias, NDLR] Samantha est une femme courageuse. Nous sommes contents de la compter dans nos rangs".

Qui est cette mystérieuse femme, surnommée la "Veuve blanche", et que l'on accuse d'avoir rejoint les rangs islamistes des Shebabs depuis quelques années? Portrait.

Le voile intégral à 15 ans

Née en 1983 en Irlande du Nord, Samantha a grandi dans le sud-est de l'Angleterre. Lorsque ses parents divorcent, la jeune adolescente trouve du réconfort chez des voisins pakistanais, musulmans de confession. Sensible à leur pratique religieuse, pourtant modérée, elle décide de se convertir et de porter le voile intégral. Elle n'a alors que 15 ans.

En 2002, elle rencontre via un forum musulman un jeune menuisier, Germaine Lindsay, qu'elle finit par épouser lors d'une cérémonie religieuse. Elle a 19 ans, lui en a 17. Comme elle, il est Britannique. Et comme elle, il s'est converti à l'islam à l'adolescence. Un premier enfant naît de leur union.

Germaine Lindsay se radicalise au fil des mois. En 2005, il sera l'un des cinq hommes kamikazes qui se font exploser dans le métro de Londres, tuant quelque 56 personnes. Samantha est alors enceinte de leur deuxième enfant, une petite fille, qui naîtra deux mois plus tard.

Tentative d'attentat en 2011 à Noël

Après l'attentat, la veuve éplorée s'épanche dans la presse pour "condamner de tout coeur" les actes perpétrés par son époux. "Les mosquées ont empoisonné son esprit", dira-t-elle, parlant de "destruction incompréhensible".

Il faudra attendre 2011 pour voir son nom ressurgir. La police kényane recherche alors la jeune femme, suspectée d'avoir fomenté avec deux autres hommes un attentat à Mombasa, ville côtière du Kenya, durant les fêtes de fin d'année.

Leurs soupçons reposent notamment sur des traces ADN de la jeune femme, retrouvées dans une cache terroriste, avec des produits chimiques, des batteries et des interrupteurs destinés, selon les enquêteurs, à confectionner des explosifs. Hasard du calendrier, le procès de son présumé complice, Jermaine Grant, Britannique également, se tient en ce moment au Kenya sous très haute sécurité.

Jihadiste et mère de trois enfants

Les regrets d'antan sur les actes odieux de son mari semblent bien loin: la jeune femme, désormais mère de trois enfants, est soupçonnée de faire partie d'un camp d'entraînement de femmes jihadistes, dans la mouvance terroriste des Shebabs.

Samantha Lewthwaite, à une date indéterminée.
Samantha Lewthwaite, à une date indéterminée. © -

Elle circulerait alors dans la région sous plusieurs identités, dont celle de Natalie Faye Webb. Ci-contre, une photo d'identité d'un passeport sud-africain à ce nom. Dans la presse, son père, soldat britannique à la retraite, lui lance un appel désespéré pour renouer le contact avec elle. En vain.

De ces tentatives d'actes terroristes, ajoutés à ceux de son ex-époux, naîtra alors son surnom actuel: la "Veuve blanche", en référence aux veuves noires, ces femmes capables de tuer en série. S'il n'y a encore aucune preuve tangible de son implication dans la prise d'otages de Nairobi, Samantha Lewhwaite n'en reste pas moins un symbole tragique de ces jeunes Occidentaux qui basculent dans le jihad, parfois jusqu'à la folie meurtrière.

Alexandra Gonzalez