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Jeûne mortel au Kenya: les autopsies des victimes débutent

Des représentants du gouvernement kenyan et des médecins, à Malindi, au Kenya, le 1er mai 2023.

Des représentants du gouvernement kenyan et des médecins, à Malindi, au Kenya, le 1er mai 2023. - SIMON MAINA / AFP

Plus de 109 corps ont été découverts, dans ce qu'on appelle désormais "le massacre de Shakahola". Tous étaient des adeptes de l'Église Internationale de la Bonne Nouvelle où le pasteur prêchait un jeûne extrême comme moyen de rencontrer Dieu.

Les opérations d'autopsie et d'identification de plus d'une centaine de corps retrouvés dans une forêt du sud-est du Kenya, où se réunissaient les adeptes d'une secte, ont débuté ce lundi matin, a annoncé le ministre de l'Intérieur Kithure Kindiki.

"Le processus d'autopsie des corps commence immédiatement", a déclaré le ministre de l'Intérieur Kithure Kindiki à la presse présente devant la morgue de l'hôpital de district de la ville côtière de Malindi, qualifiant ces opérations d'"étape cruciale".

"Ce processus devrait prendre environ une semaine, si tout se passe bien", a-t-il estimé.

"Peut-être pas mortes de faim"

Des opérations d'identification par prélèvement ADN sont menées simultanément, dont les résultats complets pourraient ne pas être connus avant "des mois", a ajouté le chef des services nationaux de médecine légale, le Dr Johansen Oduor.

Un total de 109 personnes, dont une majorité d'enfants, sont mortes dans la forêt de Shakahola où se réunissaient les adeptes d'une secte appelée Eglise Internationale de Bonne nouvelle, selon un bilan encore provisoire.

Les recherches de corps et de fosses communes dans cette forêt ont été "temporairement arrêtées" en raison des fortes pluies, a indiqué ce lundi Kithure Kindiki.

Les autopsies doivent permettre de déterminer les causes des décès. Les enquêteurs soupçonnent que de nombreux adeptes sont morts de faim après avoir suivi les préceptes du pasteur autoproclamé de la secte, Paul Mackenzie Nthenge, qui prônait de jeûner jusqu'à la mort "pour rencontrer Jésus".

Mais "les rapports préliminaires que nous obtenons indiquent que certaines victimes ne sont peut-être pas mortes de faim", avait souligné vendredi Kithure Kindiki, indiquant que certains corps portaient des blessures.

Des mesures gouvernementales

Sous le choc après la révélation de ce qui est désormais appelé le "massacre de la forêt de Shakahola", le Kenya a vu l'affaire prendre un rebondissement inattendu jeudi avec l'arrestation d'un des plus célèbres pasteurs du pays, Ezekiel Odero, soupçonné d'y être lié.

"Il existe des informations crédibles reliant les corps exhumés (...) à Shakahola" avec "plusieurs adeptes innocents et vulnérables (de l'église d'Odero, ndlr) qui auraient trouvé la mort", estiment les procureurs dans un document judiciaire.

Les deux pasteurs, actuellement détenus, doivent comparaître mardi devant des tribunaux de deux villes différentes.

Le gouvernement du président Wiliam Ruto a promis le 24 avril des mesures contre ceux qui "utilisent la religion pour faire avancer une idéologie louche et inacceptable", les comparant à des "terroristes".

Le chef de l'Etat va annnoncer cette semaine la création d'"un groupe de travail pour traiter (...) de la manière dont nous encadrons les activités religieuses dans notre pays", a annoncé ce lundi Kithure Kindiki.

Il aura la charge d'étudier comment préserver "le droit sacré à la liberté de culte, d'opinion et de conviction", sans toutefois permettre "aux criminels d'abuser de ce droit pour blesser, tuer, torturer et affamer les gens", a-t-il ajouté.

S.R. avec AFP