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Egypte

Les Indignés du monde arabe restent actifs sur le Web

Rawan el-Katari, journaliste palestinienne à Gaza

Rawan el-Katari, journaliste palestinienne à Gaza - -

Dans le monde arabe, la blogosphère contestataire utilise de plus en plus de véritables techniques journalistiques, avec l'aide, notamment, des organisations para-gouvernementales. Le point de vue du spécialiste de géopolitique de BFMTV.

Alors que les Printemps arabes poursuivent leur évolution chaotique, les citoyens les plus engagés dans le changement adoptent des automatismes dans le domaine qui leur a donné leur force: l'Internet.

Facebook, Twitter, les blogs, tant de domaines ludiques et pratiques pour un Occidental installé dans son confort mais qui deviennent, en d'autres lieux et d'autres circonstances, des instruments de contestation, de contre-pouvoir, voire de révolution.

Les gouvernements occidentaux participent à cette vague numérique et démocratique, en donnant un coup de pouce à toutes sortes de colloques, ateliers, et voyages, permettant aux cybermilitants d'échanger, et de rencontrer des spécialistes – en l'occurrence français et arabes – du monde de la création et du journalisme sur le Web.

Indignés, mais inefficaces

Pour cela, il faut se sentir très démocratique dans l'âme. Le fait de targuer un décideur public d'antidémocratique n'est pas un compliment. En France, la génération cyber-capable semble le ressentir assez fortement.

Les "Occupy Wall Street" ont essaimé en Europe et en Amérique du Nord, en 2010-2011. Curieusement moins en France – les "Occupons la Bastille" ont attiré davantage de policiers que de militants. Indignés, mais inefficaces. L'hommage à Stéphane Hessel, qui vient de décéder, sera-t-il le dernier moment d'une indignation sur les injustices infligées par le gouvernement israélien sur les Palestiniens?

N'empêche, les organisations para-gouvernementales françaises sont très actives pour permettre aux jeunesses arabes de mener des actions civiques. CFI m'a étonné ici au Caire: l'ancienne structure de l'audiovisiel public, Canal France International, qui autrefois fournissait du contenu journalistique télévisuel aux États africains, est devenu récemment une espèce d'école de formation des citoyens-journalistes du monde arabe.

Une diplomatie douce, mi-humanisme mi-influence

Dans le monde arabe, les techniques du journalisme sont progressivement en train de s'insinuer dans la blogosphère contestataire. Cela au grand plaisir de CFI, et des journalistes-militants palestiniens par exemple. Ainsi de Rawan el-Katari, jeune femme de Gaza, journaliste depuis sept ans, diplômée de médias et journalisme dans le circuit palestinien, présentatrice d'une station de radio populaire.

Elle a pu filmer et évoquer les dégâts de Plomb Durci (opération militaire israélienne à Gaza en réponse au lancement de roquettes vers Israël), et par la suite Pilier de Défense (même chose sans intrusion terrestre cette fois-ci). Évidemment, des images dures avec des enfants morts, hospitalisés, blessés.

Ce n'est pas pour autant que Madame el-Katari trouve la vie sous le Hamas bien faite! Un régime de subtiles pressions, de menaces voilées, de censure implicite. Mais toujours, elle et d'autres font remonter les sujets, contre les Israéliens, et contre le paternalisme gazaïote des meurtres d'honneur et des violences aux femmes.

C'est peut-être cela aussi le Printemps arabe: l'affrontement à tout ce qui ne va pas par des jeunes équipés d'ordinateurs, de micros, de caméras, dont une partie offerte par CFI pour ce qui y est de la France, et d'autres institutions étrangères.

Un genre de diplomatie douce, mi-humanisme mi-influence. À suivre, car de nouveaux chapitres de ce Printemps à rebondissements sont à prévoir en Tunisie, Égypte, Jordanie, Palestine, Libye, Yemen. Et ce sont quand mêmes les jeunes Arabes qui en sont les héros.

Harold Hyman