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Centrafrique: le jour où la France a décidé d'intervenir

Soldat français à Bangui, ce jeudi 5 décembre.

Soldat français à Bangui, ce jeudi 5 décembre. - -

Jeudi soir, François Hollande a annoncé une "intervention immédiate" de la France en Centrafrique, après le vote d'une résolution à l'ONU. Les effectifs de l'armée française dans le pays vont être doublés.

L'armée française ne va pas perdre de temps. Sitôt le feu vert de l'ONU donné pour une intervention française en Centrafrique, le président François Hollande a annoncé jeudi soir une action militaire "immédiate" dans le pays.

La résolution de l'ONU, adoptée dans l'après-midi par les 15 pays membres du Conseil de sécurité, a autorisé les soldats français en Centrafrique à "prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Misca", la force africaine présente dans le pays, "dans l'accomplissement de son mandat".

Dans le cadre de l'opération Sangaris - le nom d'un papillon rouge -, la France doit ainsi doubler son contingent sur place, qui passera à 1.200 hommes. Ceux-ci seront chargés, notamment, de sécuriser l'aéroport de Bangui et les principaux axes par où transiteront les convois humanitaires.

Affrontements meurtriers à Bangui

Ancienne colonie de la France, la République centrafricaine est plongée dans le chaos depuis le renversement, au mois de mars, du président François Bozizé par les rebelles de la Séléka. Depuis, le pays s'est enfoncé dans des règlements de comptes meurtriers, à la fois interethniques et interreligieux.

Rien que dans la matinée de jeudi, des affrontements entre chrétiens et musulmans dans la capitale Bangui ont fait des dizaines de morts, et 250 soldats français se sont déployés dans la ville. Une vingtaine de ressortissants français ont été évacués d'urgence par les forces hexagonales déjà sur place.

Effectifs "doublés d'ici quelques jours"

Dans une courte déclaration télévisée à l'issue d'un conseil restreint de défense à l'Elysée, François Hollande a annoncé que les effectifs militaires français sur place en Centrafrique, environ 600 hommes, "seraient doublés d'ici quelques jours, pour ne pas dire quelques heures".

"C'est son devoir à l'égard d'un pays ami qui nous appelle au secours", a-t-il ajouté, précisant que, dans cette opération, la France n'avait "pas d'autre objectif que de sauver des vies humaines."

Dans la soirée, l'Union européenne a salué la décision de l'ONU autorisant l'intervention franco-africaine en Centrafrique, "pays qui vit une crise d'une ampleur inédite". Elle a précisé réfléchir aux moyens d'exprimer son soutien, "essentiellement d'ordre financier", à la Misca et aux forces françaises sur le terrain.

Et maintenant?

En Centrafrique, les choses vont s'accélérer dans les prochaines heures, comme l'a annoncé François Hollande.

En France, un débat sur l'intervention française en Centrafrique aura lieu mardi prochain simultanément à l'Assemblée nationale et au Sénat, après une réunion entre le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et les principaux responsables du Parlement.

Mardi à 15 heures, le chef du gouvernement s'exprimera devant l'Assemblée tandis que le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius parlera devant le Sénat, a annoncé le ministre des relations avec le Parlement, Alain Vidalies.

Ce débat se tient en vertu de l'article 35 de la Constitution qui prévoit que "le gouvernement informe le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l'étranger, au plus tard trois jours après le début de l'intervention" et que "cette information peut donner lieu à un débat qui n'est suivi d'aucun vote".

Par ailleurs, Matignon a annoncé dans un communiqué que le Premier ministre réunirait le matin à partir de 8 heures, avec Laurent Fabius (Affaires étrangères), Jean-Yves Le Drian (Défense) et Manuel Valls (Intérieur) et Alain Vidalies, "les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, les présidents des commissions des Affaires étrangères et de la Défense de l'Assemblée nationale et de la commission des Affaires étrangères et des forces armées du Sénat, ainsi que les présidents des groupes politiques des deux chambres".

M. T.