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Algérie

Les Algériens aux urnes pour élire leur président

Une affiche à l'effigie du président sortant Abdelaziz Bouteflika, candidat à un 4e mandat, déployée dans le centre-ville d'Alger, le 16 avril.

Une affiche à l'effigie du président sortant Abdelaziz Bouteflika, candidat à un 4e mandat, déployée dans le centre-ville d'Alger, le 16 avril. - -

Les bureaux de vote ont ouvert à 8 heures locales, ce jeudi, en Algérie, pour l'élection présidentielle. Le scrutin s'annonce toutefois sans surprise, le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, partant comme le grand favori.

Un scrutin sans suspense. Les Algériens ont commencé, jeudi, à élire leur président lors d'un scrutin a priori sans surprise, le sortant Abdelaziz Bouteflika apparaissant comme le favori malgré ses ennuis de santé. Ouverts depuis 8 heures (7 heures GMT), les bureaux de vote doivent fermer à 19 heures locales (18 heures GMT). Les résultats doivent être proclamés officiellement vendredi.

Après avoir entretenu un certain suspense, la presse semblait déjà se résigner à une reconduction inéluctable d'Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat de cinq ans. "C'est juste le rideau qui tombera ce soir sur un moment de théâtralisation politique de mauvais goût", observait le quotidien El Watan, en parlant d'un "scrutin dénué de crédibilité et d'ouverture". Pour Liberté, "les véritables manoeuvres commenceront au lendemain du 17" avril, le scrutin en lui-même étant "dénué d'enjeux rééls".

Plus de 260.000 policiers déployés

Sur le terrain, plus de 260.000 policiers et gendarmes ont été déployés pour assurer la sécurité de près de 23 millions d'électeurs appelés à voter dans 50.000 bureaux en faveur de l'un des six candidats en lice, dont l'ex-Premier ministre Ali Benflis et une femme, la députée trotskyste Louisa Hanoune. A Alger, certains policiers étaient armés de kalachnikov ou de fusils à pompe.

Les bureaux de vote ont ouvert en présence de représentants de chaque candidat. Le chef de bureau devait ouvrir les urnes transparentes pour montrer qu'elles étaient bien vides. Abdelaziz Bouteflika, qui souffre de séquelles d'un AVC subi il y a un an ayant réduit ses capacités d'élocution et de mobilité même après trois mois d'hospitalisation en France, n'a pas mené lui-même campagne, laissant sept proches sillonner le pays en son nom.

Bouteflika va voter en personne

Mais il "accomplira son devoir électoral ce jeudi à 10 heures (9 heures GMT) à l'Ecole Cheikh Bachir El-Ibrahimi à El-Biar", sur les hauteurs d'Alger, selon un communiqué de son équipe, ce qui constituera sa première apparition publique depuis le 8 mai 2012. A cette date, il avait laissé croire à une succession ouverte en déclarant que sa génération avait "fait son temps". Le 22 février, il a finalement annoncé sa décision de briguer un quatrième mandat après une lutte au sommet de l'Etat et malgré les doutes sur ses capacités à diriger le pays.

Quarante-huit heures avant l'ouverture des bureaux de vote, il a exhorté les Algériens à se rendre aux urnes. Le taux de participation sera en effet un des enjeux de la consultation. A la présidentielle de 2009, il était officiellement de 74,11%. Un câble de l'ambassade américaine à Alger révélé par Wikileaks l'avait cependant estimé entre 25 et 30%.

Scrutin contesté

Une coalition de cinq partis d'opposition a appelé au boycottage du scrutin, plaidant en faveur d'une "transition démocratique", tandis que le mouvement Barakat ("Ça suffit"), hostile à un quatrième mandat d'Abdelaziz Bouteflika, a estimé que cette élection était "un non-événement". Mercredi, la police a empêché sans ménagement une manifestation de Barakat à Alger, préfigurant une réaction musclée des forces de l'ordre si le résultat devait être contesté dans la rue, comme on en a prêté l'intention à Ali Benflis, le principal adversaire du président sortant, qui a démenti.

Outre la participation, c'est la fraude, qui "a toujours régné sur les élections algériennes", insistait encore jeudi El Watan, qui fait débat, après les récentes révélations d'un ancien wali (préfet) confirmant que cette pratique avait bien lieu. Principal rival d'Abdelaziz Bouteflika et connaisseur des affaires du sérail, Ali Benflis a fait de cette question un thème majeur.

Humilié à la présidentielle de 2004 (6%) par celui dont il fut l'homme de confiance au début de son premier mandat (1999/2004), Ali Benflis pense qu'une revanche est à portée de main. Ses mises en garde répétées sur les risques de fraude ont fini par mettre de l'électricité dans une campagne terne et par faire sortir Abdelaziz Bouteflika de son silence.

A.S. avec AFP