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"Si ça n'existait pas, on ne partirait pas": grâce au TER à un euro, ces Dunkerquois peuvent profiter des vacances

L'opération Éter, qui permet de parcourir la région des Hauts-de-France en TER pour un euro, a commencé ce samedi pour le plus grand bonheur des habitants.

"Ça fait au moins une journée de vacances !": Angélique Renard, maman seule au chômage, s'apprête à rejoindre la mer du Nord en empruntant le TER Lille-Dunkerque pour un euro. Comme elle, des milliers de personnes iront à la plage cet été grâce à l'opération Éter.

"On est arrivés, là, maman ?", s'impatiente le fils d'Angélique, Elwynn, six ans. Avec ses "1.050 euros par mois", les petits plaisirs (...) ce n'est pas tous les jours", reconnaît la mère de 34 ans.

Alors, deux euros par personne l'aller-retour pour la mer, "c'est super", se réjouit-elle. "Tout le monde peut partir ne serait-ce qu'une journée en vacances".

Dans le sac de plage à ses pieds, elle a tout prévu: tongs, seau et même une épuisette "pour pêcher les crabes et les crevettes," jubile Elwynn.

100.000 billets vendus

En ce premier week-end des vacances, le TER pour Dunkerque est bondé, et quelques odeurs de monoï commencent déjà à ondoyer.

D'ici au 27 août, des dizaines de milliers de personnes pourront profiter de trajets à un euro vers les plages, mais aussi les villes et des destinations "nature" de la région, explique le conseil régional des Hauts-de-France, qui subventionne l'opération Éter depuis 20 ans, en partenariat avec la SNCF. Environ 100.000 billets ont déjà été vendus sur les 260.000 mis en vente.

"Ça permet de prendre l'air pour les gens qui n'ont pas les moyens de partir ailleurs", juge Mickaël Catel, ouvrier, voyageant avec douze membres de sa famille.

Pour un euro, ils sont déjà allés les années précédentes à Bray-Dunes et Calais: "ça permet de décompresser", estime sa conjointe Jennifer, 30 ans, mère au foyer.

Même si l'achat des billets n'est pas conditionné aux ressources financières, ce dispositif est d'abord "à destination des familles avec un pouvoir d'achat limité, qui n'ont pas l'occasion de partir en vacances. C'est l'ADN de la démarche", explique Olivier Engrand, conseiller régional délégué à la mobilité dans les territoires.

Un gain important de pouvoir d'achat

Julio, quatre ans, qui habite Bertry, un village du Cambrésis, s'apprête à voir la mer pour la première fois. "Moi, je saute dans l'eau direct," se réjouit son grand frère, Lucas, 10 ans.

"Si ça n'existait pas, on ne partirait pas, on n'a pas les moyens: le budget pour partir à cinq à la mer c'est énorme", témoigne son père, Aurélien Vrevin, sans emploi.

Au mois d'août, la famille aimerait passer une journée à Boulogne-sur-Mer pour un euro, mais "il faut prévoir le budget pour Nausicàa", un immense aquarium, affirme la mère des enfants, Laetitia Lasson, 31 ans. "Sinon, c'est centre aéré toutes les vacances. Nous ne sommes jamais partis en vacances."

Après Dunkerque, Rayane Schot, étudiant en urbanisme de 26 ans, ira lui à Etaples et Amiens. "On prend l'air à moindre coût: en étant étudiant, on doit maîtriser notre budget", dit-il, aux côtés de son amie.

Les bus gratuits à Dunkerque

Parti de Lille à 9h39 samedi, le train arrive une heure plus tard à Dunkerque. Pour rejoindre la plage, les voyageurs empruntent les autobus gratuits de la ville.

Train à un euro, navettes gratuites, "c'est super pour le pouvoir d'achat, rompre le quotidien et l'isolement des personnes seules et qui n'ont pas les moyens", souligne Fabienne Denys, 53 ans, en robe de plage. Elle passera la journée en bord de mer avec son frère.

Mickaël, Jennifer et les onze membres de leur famille marchent d'un bon pas sur le quai, tirant le chariot à roulettes qui contient les affaires de plage et le pique-nique. Fin de matinée, déjà presque 30 degrés, "on va rentrer tout rouge", sourit Jennifer en dépliant les serviettes sur le sable.

T.N. avec AFP