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Pas-de-Calais: plusieurs camps de migrants évacués près de Dunkerque et Calais

Une vaste opération de mise à l'abri des migrants cherchant à traverser la Manche s'est déroulée ce jeudi 30 novembre au matin dans le Dunkerquois.

Les forces de l'ordre ont évacué des centaines de candidats à l'exil de plusieurs lieux de vie, jeudi à l'aube, autour de Calais et de Dunkerque, où ils campent dans l'espoir de prendre la mer pour le Royaume-Uni, ont constaté des journalistes de l'AFP.

À Loon-Plage, près de Dunkerque, des bus étaient prêts à emmener les migrants vers des abris à l'écart du littoral. À Calais, 400 à 800 personnes ont été expulsées selon le Secours Catholique.

Après le passage des forces de l'ordre, des équipes de nettoyage mobilisées par l'Etat ont vidé des tentes installées dans un bouquet d'arbres.

"L'objectif est de sauver les vies"

La préfecture du Pas-de-Calais a fait valoir la nécessité de mettre à l'abri les personnes à l'approche de l'hiver. Dans les campements détrempés par les pluies diluviennes de novembre, les températures sont actuellement négatives la nuit.

"On va avoir plusieurs jours et probablement plusieurs semaines où il fera très froid, par conséquent la situation de vie sur les camps est extrêmement précaire", a souligné François-Xavier Bieuville, sous-préfet de Dunkerque.

"L'objectif est de sauver les vies", a-t-il ajouté, alors que les tentatives de traversées se poursuivent malgré les conditions météo.

Deux personnes ont péri dans la Manche le 22 novembre, lorsque leur embarcation a fait naufrage à quelques centaines de mètres du rivage, deux ans presque jour pour jour après le drame qui avait coûté la vie à 27 migrants en 2021.

Les associations dénoncent quant à elle des "expulsions forcées", voyant dans ces opérations récurrentes une volonté d'épuiser les personnes en transit.

"Une ouverture du plan grand froid de façon plus souple"

L'évêque d'Arras Mgr Olivier Leborgne, qui s'est rendu sur place, a souligné que les évacuations se font sans prévenir, ni faire de diagnostic social, déplorant que "la seule porte d'entrée est sécuritaire".

"Est-ce qu'elle pourrait être humanitaire? D'abord est-ce qu'on peut respecter le droit?", a-t-il lancé, rappelant les propos du pape à Marseille sur le risque de "naufrage de civilisation" dans la peur et l'indifférence opposées au phénomène migratoire.

À Calais, 400 à 800 personnes ont été délogées, a indiqué le Secours catholique, dénonçant des "expulsions forcées" car certains ont été poursuivis, voire contraints de monter dans des bus.

Véronique Devise, présidente du Secours catholique qui était sur place jeudi, a demandé "une ouverture du plan grand froid de façon plus souple", pour héberger les migrants sans les expulser.

Le Secours catholique appelle également à multiplier les lieux d'accueil de jour - alors qu'ils sont seuls à gérer un lieu de ce type actuellement - pour faciliter l'accès au droit des migrants, ainsi qu'une augmentation des lieux d'hébergement d'urgence et une meilleure protection de l'enfance.

Yassin Omar, un Soudanais de 18 ans arrivé à Calais il y a quatre mois, a raconté à l'AFP que lui et ses compagnons soudanais dormaient quand la police est arrivée vers 5 heures. Certains ont été pris par la police, "on ne sait pas où ils les ont emmenés", a-t-il indiqué. "Quand je suis revenu sur le camp, je n'ai pas retrouvé mon sac, ma couverture, rien. Je ne comprends pas pourquoi la police fait ça".

Selon une militante de l'association d'aide aux exilés Calais food collective, "on a réussi à arriver avant la police et à réveiller des personnes, mais ils n'ont pas forcément pu rassembler leurs affaires".

Une grande tranchée fraîchement creusée borde le terrain, pour empêcher les distributions alimentaires, selon le collectif.

Le campement de la Turquerie, près de Calais, avait déjà été évacué le 10 octobre, ainsi qu'en mai et en juin, les associations dénonçant une volonté d'épuiser les personnes qui cherchent à se rendre en Grande-Bretagne clandestinement.

J.V. avec AFP