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"Jungle" de Calais: huit hommes jugés pour de violentes agressions de migrants en 2016

La jungle de Calais (illustration).

La jungle de Calais (illustration). - PHILIPPE HUGUEN / AFP

Sept des prévenus sont jugés pour violences et vols aggravés sur au moins six victimes, le huitième répond pour avoir servi de "guetteur" et "chauffeur".

Des migrants molestés à la barre de fer et dépouillés: le procès de huit hommes de 26 à 52 ans, soupçonnés d'avoir formé une "milice" et mené début 2016 des raids contre des migrants de la "Jungle" de Calais, s'est ouvert ce jeudi devant le tribunal de Boulogne-sur-Mer.

Seuls cinq des prévenus se sont présentés à l'audience pour un procès, jusqu'à vendredi, marqué par l'absence du "meneur" présumé de la bande, Christophe G., 55 ans. Sa citation à comparaître ayant été délivrée hors délai, son cas a été disjoint.

Sept des prévenus répondent de participation à un "groupe de combat", à l'origine de violences et vols aggravés sur au moins six victimes entre janvier et février 2016, essentiellement à Calais. Le huitième est jugé notamment pour avoir servi de "guetteur" et "chauffeur".

Fractures au visage, contusions et traumatisme

Le 21 janvier 2016, vers 2 heures du matin, trois exilés syriens sont violemment molestés sur un terrain vague à Calais. Deux se voient décerner 10 jours d'ITT (incapacité totale de travail), présentant fractures au visage, contusions ou traumatisme crânien.

Six individus "cagoulés", "vêtus de noir" et armés de barres de fer et matraques les ont agressés, se présentant comme des policiers, racontent-ils. Ils leur ont, selon eux, dérobé leurs téléphones et quelque 4.000 euros. Des plaintes d'autres victimes, dont un Afghan de 13 ans, seront jointes à l'information judiciaire.

La police judiciaire localise les téléphones volés, mène écoutes et surveillances. Jusqu'à l'interpellation, dans la nuit du 10 au 11 février, de sept suspects en flagrant délit à Loon-Plage, près du port des ferries. Deux autres seront arrêtés peu après.

Les prévenus chargent Christophe G.

Au fil des interrogatoires, la plupart minimisent leur implication et chargent Christophe G., rencontré lors de manifestations anti-migrants, ou sur les réseaux sociaux via ses pages "Calaisiens en colère", et "Calais idéoscope". Il "donnait les ordres", "menaçait" ceux qui refusaient de participer, assurent certains, avouant avoir signé une "charte d'engagement".

Christophe G., qui a nié tout rôle d'organisateur, leur aurait proposé de l'accompagner "prendre des photos" des "exactions" supposées des migrants, avant de suggérer la création d'une "garde calaisienne", détaillera un suspect.

Le plus jeune, 19 ans au moment des faits, s'est ensuite engagé, en 2020, au sein de la Société nationale de sauvetage en mer. Il a depuis participé à de nombreuses opérations de secours aux migrants, recevant médaille et félicitations du préfet maritime.

J. M. A. avec AFP