Gilets de sauvetages, zodiacs: la pollution générée par le trafic migratoire menace les dunes des Flandres

Plusieurs zones naturelles des Flandres sont envahies de déchets en tout genre entraînés par le trafic migratoire.

Des dizaines de gilets de sauvetage rouges et noirs entassés entre les arbres ou encore des zodiacs abandonnés en pleine nature. Sur la dune Dewulf dans les Flandres, les déchets liés au trafic migratoire sont nombreux.

"Des dizaines de zodiacs à la semaine"

D'autant plus qu'avec la météo favorable de ce mois de juillet, les tentatives de traversée de la Manche se multiplient depuis les côtes du littoral français, et leurs traces se font ressentir sur la biodiversité des Flandres. Afin de lutter contre ce fléau, des gardes du littoral sont chargés de repérer les principaux déchets laissés à l'abandon à l'aide de drones survolant la zone.

"C'est vraiment une période où on va avoir une grosse quantité de déchets, il y a beaucoup de départs de migrants et donc on peut parfois avoir des dizaines de zodiacs à la semaine", raconte au micro de BFM Littoral, Florian Boddaert, apprenti garde du littoral, en charge de la surveillance aéroportée du vivant.

Grâce aux drones, des embarcations abandonnées à 300 mètres de la mer peuvent être localisées. Au cours d'une intervention, Aline Bué, également garde du littoral, a dû évacuer un bateau laissé au milieu de la végétation avec autour de lui, 40 gilets de sauvetage encore neufs.

Les gardes du littoral doivent ramasser les déchets retrouvés et les mettre dans des remorques tirées par des quads en vue de leur évacuation. Depuis 2019, une centaine d’embarcations comme celle-ci ont été ramassées dans les dunes du secteur après des départs manqués pour le Royaume-Uni. La faute à un système de préparation des traversées bien huilé.

"L'attractivité, c'est qu'on est très proche de la gare de bus, c'est un terminal, du coup on pense qu'ils arrivent avec les derniers bus du soir. Ils attendent dans les zones d'attente, en dessous des arbres, bien cachés, et ils attendent la livraison de leur matériel", explique Aline Bué à BFM Littoral.

L'appel du maire de Leffrinckoucke

Au-delà de la pollution visuelle, les conséquences de ces détritus laissés à l'abandon sont aussi environnementales. L'accumulation des déchets menace la dune Dewulf, zone classée Natura 2000.

Grande de 300 hectares, la dune s'étend sur trois communes du littoral nordiste, comme le rappelle le site du conservatoire du littoral: Zuydcoote, Ghyvelde et Leffrinckoucke. Le maire de cette dernière commune en appelle désormais à l'aide de l'Etat pour faire cesser ces nuisances.

"On peut comprendre la problématique migratoire, je ne peux pas comprendre comment se fait-il qu'on laisse, que ce soit un désastre comme ça quand ils partent. Je pense qu'il y a des solutions. Il y a la barrière de la langue, mais je pense qu'on peut trouver des solutions. Il faut discuter avec eux, il faut peut-être mettre des 'big bags' je pense qu'on n'a pas exploré toutes les possibilités", affirme le maire Olivier Ryckebusch à BFM Littoral.

En 2021, le coût du nettoyage des déchets sur les dunes s’élevait à 20.000 euros pour sa commune de Leffrinckoucke. Selon la sous-préfecture de Dunkerque, des négociations seraient en cours avec les autorités britanniques pour qu’elles participent à l’évacuation du matériel nautique.

Ces derniers temps, le nombre de tentatives de traversées de la Manche est en nette augmentation. Plus de 20.000 personnes ont tenté de traverser la Manche au premier semestre 2022, un chiffre en hausse de 68% par rapport à l'année précédente à la même période.

Florine Kurek avec Gauthier Hartmann