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Des routiers déplorent les fortes amendes reçues pour avoir transporté à leur insu des migrants en Angleterre

Lorsque des camions se font arrêter à la frontière anglaise avec un migrant à bord, ils sont immobilisés jusqu'à ce que le routier paye l'amende de 3.000 euros par personne transportée.

Leur objectif: rejoindre l'Angleterre. Et pour l'atteindre, nombre de migrants choisissent, depuis Calais (Pas-de-Calais), de monter dans un camion pour franchir la frontière. Une stratégie dangereuse mais également très fréquente, comme en témoigne Jean-Pierre Devigne, directeur de la société RDV Transports, au micro de BFM Grand Lille.

"Une fois que le véhicule ralentit pour prendre le rond-point, ils vont courir à côté du camion et monter entre le tracteur et la semi-remorque", raconte-t-il.

Une amende de 3.0O0 euros

Pour les chauffeurs routiers, embarquer des migrants peut s'avérer onéreux. Lorsque leur camion se fait arrêter à la frontière anglaise, il est immobilisé jusqu'à ce que le routier paye l'amende de 3.000 euros par migrant transporté.

"Ce qui est incompréhensible, c'est qu'il est écrit dans le courrier [mentionnant le coût de l'amende] que le conducteur a respecté le règlement mais on le fait quand même payer", déplore Jean-Pierre Devigne.

En deux ans, son entreprise a dû payer quelque 75.000 euros d'amende à la "border force" - la police des frontières britannique. Une double peine, alors que la société a investi 860.000 euros pour des nouvelles caméras et des clôtures pour renforcer la sécurité sur le site.

"On est considérés comme des passeurs"

"Nos chauffeurs se font attaquer à 150 mètres [du site] mais c’est sur la voix publique", souligne Laurent Clercin, responsable sécurité à RDV transports, précisant que ses services ne peuvent pas intervenir sur la voix publique.

Cette situation est dénoncée depuis de nombreuses années par le syndicat national du transport routier (FNTR), dont le président de la branche Pas-de-Calais, David Sagnard, qui assure que les entreprises se sont adaptées "depuis 20 ans à cette problématique migratoire" et ont "mis en place des procédures pour éviter d'avoir des migrants à bord" de leur camion.

"Malheureusement, ce n’est pas suffisant pour les autorités britanniques qui considèrent qu'on est toujours ceux qui permettent aux migrants de venir sur le territoire britannique. On est considérés comme des passeurs", regrette celui qui est également président du groupe de transports Carpentier.

La FNTR a demandé une nouvelle réunion avec les autorités britanniques au sujet de ces amendes.

Florine Kurek avec Chloé Semat