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Prosélytisme à Roubaix: le parquet fait appel de la relaxe du maire et de dirigeants associatifs

Guillaume Delbar, maire de Roubaix

Guillaume Delbar, maire de Roubaix - BFMTV

Accusé de détournement de fonds publics par négligence, Guillaume Delbar avait été relaxé le 8 juin. Idem concernant trois membres d'une association suspectée de prosélytisme musulman, poursuivis pour abus de confiance.

Le parquet de Lille a fait appel de la relaxe de Guillaume Delbar, maire DVD de Roubaix (Nord), récemment jugé pour détournement de fonds publics par négligence, et de trois membres d'une association suspectée de prosélytisme musulman, poursuivis pour abus de confiance.

Interrogée par l'Agence France-Presse, Carole Étienne, procureure de la République, a confirmé cette information de La Voix du Nord.

Le tribunal correctionnel de Lille avait prononcé le 8 juin une relaxe générale dans cette affaire, considérant que même si un enseignement religieux avait pu être dispensé au sein de cette association officiellement destinée au soutien scolaire, il n'a pas été établi par l'enquête que des subventions publiques avaient été utilisées pour cela.

Le tribunal avait surtout pointé l'absence dans le dossier d'un rapport annexé au signalement initial de la préfecture du Nord, sur lequel est pourtant fondé toute l'affaire.

Une affaire née en 2022

Lors du procès en avril, la procureure avait requis huit mois de prison avec sursis ainsi qu'une peine d'inéligibilité de trois ans à l'encontre de Guillaume Delbar.

Elle avait aussi requis douze mois d'emprisonnement avec sursis contre le président de l'association "Ambitions et initiatives pour la réussite" (AAIR), Nordine Khabzaoui, et cinq mois avec sursis à l'encontre du trésorier et d'une salariée.

Cette affaire avait été évoquée début 2022 dans un reportage de "Zone Interdite" sur M6, consacré aux "dangers de l'islam radical", qui avait défrayé la chronique.

"Des cours d'arabe à caractère religieux"

Parmi les témoins de l'émission, Amine Elbahi, jeune juriste et militant associatif de Roubaix, était, selon le président du tribunal, le premier à avoir alerté la préfecture fin 2020, via un courrier indiquant que "des cours d'arabe à caractère religieux" étaient prodigués par l'association.

Le préfet avait ensuite signalé au procureur des manquements, affirmant que l'association ne respectait pas "le principe de laïcité".

Lors de l'audience, les trois membres de l'association se sont défendus d'avoir dispensé des "cours coraniques" financés par de l'argent public. Le maire a, lui, expliqué manquer de "preuves" pour intervenir. "Je n'ai pas les moyens d'enquête de police (...) Moi, quand j'entends de l'arabe, je ne sais pas si c'est du Coran ou de la poésie", a-t-il lancé.

F.B. avec AFP