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Nord: la justice annule un arrêté d'expulsion contre Sana, une Algérienne revenue de Syrie

La justice administrative a annulé un arrêté d'expulsion vers l'Algérie pris à l'encontre d'une Algérienne ayant grandi à Roubaix avant de partir mineure avec sa famille en Syrie, insistant sur "sa volonté d'intégration en France" et son "hostilité" à l'égard de "cette période de sa vie".

La justice administrative a annulé un arrêté d'expulsion vers l'Algérie pris à l'encontre d'une Algérienne ayant grandi à Roubaix (Nord) avant de partir mineure avec sa famille en Syrie, insistant sur "sa volonté d'intégration en France" et son "hostilité" à l'égard de "cette période de sa vie".

La famille de la jeune femme de 25 ans compte 23 membres ayant rejoint l'organisation jihadiste Etat islamique. Elle n'a pas été mise en examen, ni placée sous le statut de témoin assisté à son retour, relève le tribunal administratif de Lille dans son jugement du 3 mai, confirmant une information du journal Le Monde.

"Si elle n'a pas condamné expressément l'organisation terroriste auprès de laquelle elle a vécu plusieurs années, elle a, à de nombreuses reprises, pris ses distances et exprimé son hostilité à l'égard de son milieu d'origine et de cette période de sa vie", y est-il souligné.

"Cette procédure a ajouté des souffrances inutiles"

La requérante, dont "aucune pièce du dossier" ne prouve qu'elle a combattu dans les rangs jihadistes ni exercé des responsabilités, selon le tribunal, a en outre démontré "sa volonté d'intégration sociale et professionnelle".

"Beaucoup de temps a été perdu dans cette triste affaire, pour rien", a réagi son avocate, Me Marie Dosé. "Cette procédure a ajouté des souffrances inutiles."

Contactée par l'AFP, la préfecture du Nord n'a pas fait de commentaire. Dans son arrêté d'expulsion pris en octobre 2023, le préfet de l'époque Georges-François Leclerc avait qualifié la jeune femme de "menace grave et persistante pour l'ordre public", insistant notamment sur ses "relations avec d'autres revenants depuis son retour".

Rentrée en France en 2023

Mère de deux petites filles nées en Syrie, où sa mère l'a emmenée en 2014 à l'âge de 15 ans, elle se dit victime d'une famille tyrannique et radicalisée.

Elle est rentrée en France en janvier 2023 avec ses filles, après cinq ans sur des territoires contrôlés par l'organisation Etat islamique et quatre dans des camps du Nord de la Syrie.

Sa mère ayant refusé de demander pour elle la nationalité française à l'adolescence, elle est aujourd'hui une ressortissante algérienne en situation irrégulière.

Le tribunal administratif a rejeté sa demande d'obtenir un titre de séjour, mais a enjoint à la préfecture de réexaminer sa situation dans un délai de deux mois.

M.L. avec AFP