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Le tribunal de Lille examine une demande d'expulsion contre Sana, rapatriée de Syrie

Sana est mère de deux petites filles, nées en Syrie d'un mariage forcé avec un soldat du groupe État islamique. Rapatriées en France en janvier dernier, elles risquent désormais l'expulsion vers l'Algérie. Le préfet du Nord estime qu'elle représente en France un risque de trouble à l'ordre public, alors même qu'elle n'a pas choisi de rejoindre le groupe État islamique, et a été emmenée par sa mère alors qu'elle avait 15 ans.

La commission d'expulsion des étrangers du tribunal de Lille examinait ce mercredi le cas d'une Lilloise, rapatriée de Syrie en janvier dernier. En effet, à la suite de son retour, la préfecture du Nord a demandé son expulsion vers l'Algérie. Inenvisageable pour ses avocats et un comité de soutien.

La jeune femme, Sana, aujourd'hui âgée de 24 ans, est née à Lille de parents algériens et n'a jamais vécu en Algérie. Selon ses avocats, elle aurait été retirée de l'école à l'âge de 13 ans et voilée par sa mère avant d'être emmenée en Syrie à l'âge de 15 ans. En Syrie, elle aurait été mariée de force à un soldat du groupe État islamique, avant d'être internée dans un camp de prisonniers avec ses deux petites filles, aujourd'hui âgées de 5 et 7 ans.

Sana a été rapatriée par les autorités françaises et n'a pas été mise en examen à son arrivée. Sauf que d'après le préfet, elle constituerait une menace grave à l'ordre public.

"Un entêtement un peu bête"

Un comité de soutien s'est donc créé autour de Sana, composé de plusieurs personnalités dont l'ancien Défenseur des droits Jacques Toubon, Catherine Deneuve ou encore l'autrice Leïla Slimani. Elles espèrent que la commission départementale d'expulsion s'oppose à la demande du préfet.

"Moi je m'attendais ce matin à une note blanche, c'est une note des services de renseignements ni datée, ni signée, qui explique à quel point elle est dangereuse. Ils n'ont même pas été capables de cela, donc ils n'ont strictement rien entre les mains", explique maître Marie Dosé, avocate de Sana.

Elle ajoute: "C'est une obstination qui ressemble un peu à du zèle, c'est quelque part un entêtement un peu bête."

L'avis de la commission sera rendu dans deux semaines, le 27 septembre, mais il n'est que consultatif.

Par Lissa Dasylva, Cosima Mezidi Alem avec Astrid Bergère